Jacques et moi quittions la « Fourmilière » vers 7H pour passer prendre mon inséparable amie Jacqueline demeurant à Trie-Château bourgade de l’Oise
située à trois kilomètres de notre village, ayant décidé de m‘accompagner jusqu’au TGV.
Arrivés devant le portail de la grande maison de Mère Prieure, il n’y avait personne. Nous ne nous révélions pas inquiets car l’horloge de la voiture n’affichait pas encore l’heure du rendez-vous.
Puis quelques minutes plus tard, Jacqueline apparut sur le pas de la porte, toute pimpante malgré l’horaire matinal, semblant contente à la perspective de cette journée.
Dans l’automobile, notre trio s’animait en papotant activement de manière décousue.
Une fois tout le monde satisfait, notre trio patientait sur le quai l’arrivée du train. Après une attente plutôt brève, le transilien pointait le bout de son nez. Il ralentit puis freina afin de s’arrêter.
J’étreignis mon conjoint et l’assura de mon appel téléphonique à mon arrivée à la ville de la préfecture de Charente. Jacqueline le salua et nous montâmes dans le wagon face à nous.
Mère Prieure vit un jeune homme grimper portant un vélo muni d’un moteur et se rapprocha de lui pour se renseigner sur ce modèle de bicyclette. Ce cycliste lui donna toutes les informations très aimablement.
Nous allâmes nous installer et elle m’expliqua que c’était pour son compagnon Carlo car sa voiture risquait de rendre l’âme et conséquemment aux problèmes de pénurie d’essence, il fallait envisager une solution de secours. Puis le train s’ébranla lentement.
Je lui tendis mon dernier texte narrant ma journée parisienne passée avec Laurence avec qui elle avait partagé un moment ce jour là. Jacqueline lut le texte ajoutant des commentaires au fur et à mesure de son avancement dans la lecture. Elle me complimenta sur le style, le vocabulaire fouillé et l’alternance entre l’humour et le sérieux. Mon amie conclut « j’ai vécu ta journée ».
Puis nous réamorcions notre conversation sur le comportement de Jacques vis-à-vis de moi. Je lui expliquais son harcèlement perpétuel et Mère Prieure s’exclamait « il effectue un travail de sape et tu ne dois pas tomber dans son jeu. Quand il t’attaque, ignore le ». Sa méthode s’avérait sans doute la meilleure mais parfois le silence se révèle difficile à garder dans certaines conditions.
Le train s’était bien rempli tout au long du parcours et une femme plutôt jeune arriva vers nous, je libérais le siège à côté du mien occupé par mon sac de voyage pour lui céder la place. Elle passa devant les jambes de Jacqueline et demanda pardon. Mon amie dotée de son célèbre sens de l’humour lui répondit « on ne pardonne plus ». La personne répliqua sur un ton assez décontracté « je suis désolée, j’ai été élevée en apprenant à dire bonjour, au revoir, s’il vous plait, merci, pardon et la vie en société est bien plus agréable de cette façon ».
Mère Prieure ajouta « je demeure tout à fait d’accord avec vous. Aujourd’hui, le respect n’existe plus. Les gens ne se parlent plus. Nous vivons dans un monde très individualiste. » Ma voisine s’exclama « à ce propos, je suis un stage en ce moment, un stagiaire vient de Lille et était surpris par le comportement des parisiens. Il nous relatait que dans le métro les habitants de la capitale sont tous plongés le nez dans leurs livres et ne s’adressent pas la parole. Dans les couloirs du métro, il s’avère impossible d’aller dans le sens opposé de la foule car le flux vous fait tournoyer sur vous-même. C’est une ville de fous. »
Je commentais la réflexion du monsieur en racontant ceci : « quand je suis arrivée à Lutèce, je voyais tous les autochtones courir et je ne comprenais pas pourquoi car en province, les habitants ne mènent pas cette course perpétuelle contre la montre. Au bout de quelques temps, je ne sais pas si le phénomène de mimétisme jouait un rôle, je me mettais à galoper tout comme eux sans aucune raison valable. Quand je pris conscience de mon nouveau comportement, je me fis violence et corrigeai ce défaut incontinent. »
La femme trouvait mon témoignage intéressant et riait de la manière humoristique dont je narrais cette expérience de vie. Je me permis de lui demander, si cela n’était pas trop indiscret, le thème de sa courte formation. Elle me fit la réponse suivante « le sujet porte sur l’estime de soi. » Je lui dis « cette notion me semble primordiale de nos jours et manque à bon nombre de nos concitoyens ». Ma voisine abonda dans mon sens, puis Mère Prieure sortit « avant votre arrivée, nous parlions justement de ce concept. Quelle coïncidence ! ».
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