jeudi 3 février 2011

L’ARRIVEE D’UN NOUVEAU PENSIONNAIRE A LA FOURMILIERE

Dimanche 25 juillet 2010, j’appelais mon ami Carlo, vers 10h, afin de savoir si ma moitié et moi pouvions passer à son domicile, vers 11h, choisir notre lapereau. Il nous répondit avec joie sans problème. Consécutivement à cet entretien téléphonique, Jacques et moi nous préparions. J’imprimais donc en hâte mon texte « Le Grand Prix de Diane 2008 » ainsi qu’une photo présentant une scène décrite dans le récit pour le donner à notre copain. Mon mari concoctait un cadeau en remerciement pour ce précieux don et s’occupait de la boite en carton pour ramener notre nouveau protégé. Les aiguilles de la pendule de la cuisine indiquaient 10h55, nous nous avérions enfin prêts pour cet heureux événement.
Mon mari et moi sautions allègrement dans la voiture en ayant déposé toutes nos petites affaires au préalable. Mon cher et tendre fit vrombir le moteur et mon époux et moi partîmes sur les chapeaux de roues en direction de Trie-Château, bourgade située à trois kilomètres de notre village.
Une fois parvenus à destination, Carlo, campé devant sa porte, nous attendait afin de nous accueillir car sa compagne s’était octroyée quelques jours de vacances, dans la très touristique ville de Perpignan localisée dans les Pyrénées-Orientales, chez sa nièce sortie des ordres depuis deux ou trois ans déjà, n’ayant pu supporter les observances de la vie commune.
Il nous fit visiter son jardin bipartite.


Un côté débordant de fleurs aux coloris multiples et d’un mariage subtil, l’autre plutôt versé dans la culture maraîchère mais bien disposé. On sent tout de suite l’âme d’un homme écologique, vivant en harmonie avec la nature.
Après ce tour du propriétaire, mon conjoint et moi remarquions que notre copain s’avérait empressé de nous présenter ses fameux petits lapins. Arrivés devant la cage, il nous fit un descriptif sur les petites boules de poils. Elles étaient le résultat d’un croisement entre



une mère Fauve de Bourgogne et un père Bélier nain. Ces attendrissants mammifères étaient âgés d’un peu plus d’un mois, trop jeunes pour les sexer et se blottissaient par moment contre leur maman de belle taille. Ils remuaient beaucoup malgré l’espace assez restreint et ma moitié et moi observions leur comportement. Au bout de plusieurs minutes, Jacques et moi prenions la décision d’examiner de plus près leur fourrure afin d’en choisir un. Quel dilemme ! Au terme d’un certain temps, nous options enfin pour un bébé au minois craquant, au regard malicieux, portant une oreille droite et une oreille tombante, au pelage tricolore (blanc, noir et dont la couleur fauve domine) et ressemblant à un nounours en peluche ou plutôt


à un « gremlin ».
Ma montre affichait 13h et Carlo devait acheter sa boule de pain de campagne. Il était grand temps de le libérer afin de le laisser effectuer ses courses. Après des au revoir amicaux, mon mari et moi reprenions la route vers notre nid douillet. Pendant le trajet, mon époux et moi n’entendions aucun bruit venant de la boite en carton comme si l’heure du voyage céleste de notre petit compagnon avait sonné. Mon conjoint et moi commencions à ressentir un peu d’inquiétude. Heureusement, ma moitié et moi sommes très vite arrivés à notre confortable Fourmilière.



A peine le pied posé à terre, Jacques et moi délivrions ce minuscule animal de cette affreuse prison et constations avec soulagement sa pleine forme. Une fois dans l’herbe, la vie devenait une grande découverte. Plus prompt que l’éclair, ce petit être courait dans tous les sens épris de liberté et peut-être avide aussi de connaître chaque recoin du jardin de devant. Tout d’un coup, il s’arrêtait net comme une automobile équipée d’un freinage assisté très efficace afin de grignoter quelques herbes tendres et nous pouffions de rire. Cet aliment n’appartenait pas encore à son registre de nourriture. Puis notre bélier reprenait sa course folle et impossible pour mon mari et moi de le caresser.


Daisy, notre lapine blanche aux yeux bleus mais malheureusement borgne ne semblait pas avoir remarqué notre nouveau pensionnaire. Elle se promenait dans le jardin comme à l’accoutumée. Dès que mon époux et moi approchions ce petit « canaillou », il s’évaporait à vive allure, une telle vivacité n’existait pas chez notre vieille « occupante ». Parfois au milieu du parcours de notre petit protégé, mon conjoint et moi ne l’apercevions plus. Ce vif-argent était tombé dans un terrier creusé par notre rongeuse. Ma moitié et moi piquions un fou rire. J’observais toujours notre femelle, continuant à vaquer à ses occupations. Un moment donné, notre lapereau croisa notre mammifère aux grandes oreilles mais, bizarrement, tous deux s’ignorèrent. Notre petit compagnon batifolait comme la jolie chèvre blanche, de monsieur Seguin, dans ses montagnes et effectuait de temps à autre de petits bonds légers et gracieux. Il arrêtait brusquement ses jeux afin de ronger avec délicatesse une carotte que je tenais dans la main. Ce bébé m’attendrissait. Je sentais les vibrations de ses quenottes contre cette plante potagère d’un ton profondément orangé. Je voulais commencer à lui développer son sens gustatif. En contemplant la fourrure de cette « peluche » le doux nom de Noisette m’effleurait l’esprit. Lassée de son légume, elle faisait une courte toilette comme après chaque pause de sustentation en se tenant debout sur ses deux pattes arrière et nettoyant sa petite frimousse à l’aide de ses deux pattes avant. Quel touchant spectacle mais drôle à la fois ! Ensuite cette coquine me surprit par ses sauts gigantesques comparativement à sa taille. Elle galopait sans relâche et sans montrer de signe de fatigue.


Le « gremlin » heurta notre lapine dans ses gambades et Daisy se rendît compte de la présence de cet intrus sur son territoire et manifesta de la méfiance en s’écartant du nounours. Peut-être aussi était-ce du à l’effet de surprise car elle jouissait de la totalité du terrain de devant depuis son arrivée à la Fourmilière, en mai 2006. Puis la senior se rapprocha du petit nouveau, tourna autour et le renifla consciencieusement comme un chien procèderait. Elle s’éloigna comme si cette rencontre appelait à la méditation. Après quelques instants, notre lapine revint vers notre boule de poils et l’étreignit avec ses membres antérieurs en reposant son corps plutôt massif sur le dos frêle de notre petit protégé. Jacques et moi, pris d’angoisse devant ce qui ressemblait à une clé de soumission comme dans « the Ultimate Fighting » ou la lutte finale, à l’idée que l’aînée n’étouffât le plus jeune. Heureusement, le débutant parvint à se dégager sans dommage et l’expérimentée, épuisée par ses efforts, s’octroya une pause afin de reprendre des forces. Cette situation s’avère fréquente entre animaux pour stipuler l’appropriation du territoire. Nous étions rassurés devant la conclusion de cette joute et estimions que le partage du terrain s’avérait sans risque. Puis notre rongeuse repartait de son côté mais au bout de quelques temps, notre galopin recherchait la compagnie du membre de la Fourmilière, habitué à vivre au sein d’une famille. Notre petit fripon jouait à cache-cache, derrière les poubelles de taille imposante, avec Daisy puis s’ensuivaient des courses poursuites au cours desquelles Noisette percutait notre femelle et cette situation se reproduisait maintes fois et nous riions aux éclats à chaque coup. Mon mari et moi prenions conscience que notre mammifère aux grandes oreilles et Pitchoun basaient leurs relations sur le jeu avec parfois des effusions affectueuses de la part de notre bien singulière pensionnaire. Je souhaitais persister dans la formation du goût de ce gentil voyou et lui faisais essayer un peu de concombre. Il dégusta cette cucurbitacée et accomplit un court soin de propreté de son museau, enfoui dans les poils doux et touffus, comme après l’absorption de chaque nourriture. Mon époux et moi pouvions rester le regarder pendant des heures sans nous ennuyer. Les attitudes de notre « peluche » conjuguaient drôlerie et attendrissement. Et pourtant, tout ceci ne se révélait que la plus pure expression de la liberté de la vie !

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