samedi 26 février 2011

IMMERSION CISTERCIENNE (6)

En préliminaire, notre guide nous présenta sommairement l’historique de l’abbaye et sa résurrection. Ce monument religieux, site d’exception, conjuguant la simplicité cistercienne à l'exubérance d'un univers rococo sur les rives de l’Authie, se révélait néanmoins l’unique abbaye cistercienne des XVIIème et XVIIIème siècles complète en France et l’un des derniers fruits de la floraison baroque. D'abord construite au XIIème siècle par cet ordre choisissant toujours un lieu enrichi d’une source ou d’une présence d’eau, elle a été intégralement reconstruite au XVIIème suite à de nombreux évènements historiques qui ont achevé sa prospérité.


Avant de pénétrer à l’intérieur de cet édifice, un poirier de la Madeleine rescapé, d’une hauteur impressionnante, datant de huit cents ans et portant encore des petits fruits, au toucher rugueux, dotés d’un épiderme épais, d’une peau jaune citron, d’un grand pédoncule, d’une chair mi-fine, juteuse, acidulée et sucrée à la fois, fondante, d‘un goût agréable et planté par les moines cisterciens jouait le rôle de portier. A partir de ce magnifique arbre fruitier et d‘autres bien entendu, les religieux fabriquaient une liqueur de poire réputée même hors de nos frontières et ce fruit figurait sur le blason de ce monument dont les couleurs étaient celles du duc de Ponthieu (mort en 1147) qui fonda l’abbaye de Valloires en 1137. Nous entamions la découverte de cet univers où la notion temporelle s’évanouissait pour laisser place à la respiration toute intérieure. Où les frères portaient, à leur époque, l’Amour du Christ jusqu’à atteindre l’inaccessible. Leur quête se révélait dans cet absolu, peu importe le temps, où l’espérance les animait jour après jour. L’Amour transpirait de leur âme jusqu’à en brûler leur cœur. Leur devise s’avérait la suivante : « prie et travaille ». La vie du moine se révélait ponctuée par trois cycles se répétant successivement la prière (l'âme), l'étude (l'esprit) et les tâches matérielles (le corps).

IMMERSION CISTERCIENNE (5)

Nous abandonnions ce lieu chaleureux à 10H05 afin de rejoindre le célèbre monument historique du village.


En dix minutes, mon mari et moi atteignions l’abbaye de Valloires. Dès le premier coup d’œil, l’impressionnante superficie et la structure de ce jardin contemporain attiraient le regard. Le portail ouvrait sur la grande cour d’honneur, ornée de parterres à la française et flanquée de part et d’autre par les arrondis des bâtiments mansardés des anciennes dépendances. Dans le fond, sous un grand toit d’ardoise dissymétrique, la longue façade du corps de logis principal se dissimulait sous une abondante végétation. Très sobre, la construction était en brique, la pierre étant réservée aux frontons latéraux et aux encadrements des nombreuses fenêtres régulièrement distribuées. N’omettons pas de souligner qu’en période estivale, les visites, essentiellement guidées, s’effectuent uniquement en matinée car certaines salles de cet édifice religieux sont réquisitionnées pour célébrer des mariages.
A 10H30 notre guide, un homme plutôt jeune se présenta à notre groupe et débuta d’un ton dynamique l’immersion dans le monde cistercien, du nom de la célèbre abbaye fondée à Cîteaux, (située dans la commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux dans le département de la Côte-d’Or), en 1098 par Robert de Molesme. La réforme cistercienne avait pour but un retour à une observance plus exacte de la Règle de Saint-Benoît, d’où une ascèse plus grande et une pauvreté plus stricte. Les moines faisaient vœux de pauvreté, stabilité, chasteté et obéissance à la règle (dont l'engagement du silence).

IMMERSION CISTERCIENNE (4)


La vallée de la Selle (semble, comme toute la région, avoir connu une occupation préhistorique ancienne, sans doute à cause de sa profusion en gibier et des sols riches de cette sous-région.), etc.
A 8H30, Jacques coupa le chauffage. Les kilomètres défilaient et l’arachnéen bercement de la voiture suscitait en moi l’envie de me transporter sur la planète des rêves mais je résistais pour tenir compagnie à mon chauffeur. Soudainement, nous traversions une nappe de brouillard qui ne tarda pas à s’estomper. A 8H44, des éoliennes en pleine activité apparurent sur le trajet sans trop gâcher le paysage. A 9H30, notre couple quittait l’autoroute afin de maintenir tranquillement son itinéraire. Le soleil avait consenti à se lever et avait même poussé l’effort jusqu’à darder ses rayons. A 9H45 Jacques et moi avions touché au but.


L’entrée dans Argoules, petite bourgade abritant 338 âmes située à 30 kilomètres d’Abbeville, autre ville samarienne, détenait une auberge au nom poétique de « l’Auberge du Gros Tilleul ». Cet établissement picard, au cœur de la vallée de l'Authie, fleuve côtier du nord de la France qui se jette dans la Manche après un cours long de 103 kilomètres sis dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais dans le bassin Artois-Picardie, et à quelques pas de l'Abbaye et des jardins de Valloires s‘avérait installé dans les murs, poutres et colombages d'un ancien relais vieux de deux siècles. Un art de vivre à partager ensemble, sous le regard du vénérable tilleul nous accompagnant dans la dégustation de notre café du matin.

IMMERSION CISTERCIENNE (3)


Vendeuil-Caply (s’avère célèbre pour son site antique),


Conty (bourg picard du sud de la Somme situé dans la vallée de la Selle, doit sa renommée à sa source de Saint-Antoine qui aurait des vertus, et qui jaillit, dit-on, sous l'autel de l'église du même nom).

IMMERSION CISTERCIENNE (2)


Gerberoy (joyau de l‘Oise, un des plus beaux villages de France où se produit chaque année, courant juin la fête de la rose),



la cathédrale de Beauvais (possède le plus haut choeur gothique au monde [48,50 mètres] et entre autres une autre particularité une horloge astronomique datant de 1866 animée par un spectacle « son et lumière »).

IMMERSION CISTERCIENNE (24 février 2011)

Le samedi 4 septembre 2010 Jacques et moi avions émergé à 7H. J’avais sorti le pain de la machine et préparé le petit déjeuner. Mon époux avait installé le GPS et l’antiradar que j’avais mis à jour la veille. Vers 7H50, nous nous transportions en direction de l’abbaye de Valloires située à Argoules, commune du département de la Somme. Cette destination picarde se localisait à 131 kilomètres de la « Fourmilière ». Ne roulant pas à tombeau ouvert, malgré la brume matinale, notre regard s’était porté sur un malheureux hérisson écrasé sur notre route. Mon mari avait tourné le bouton du chauffage en raison de la petite fraîcheur matutinale. Notre couple poursuivait son parcours en traversant de sympathiques petits villages. Vers 8H15, le soleil semblait nous sourire mais ne parvenait pas à chasser la brume. A 8H20, nous empruntions l’autoroute A16, baptisée aussi l'Européenne. Des panneaux de signalisation aux noms enchanteurs poignaient les uns derrières les autres.

samedi 19 février 2011

MUSIQUE CELESTE (2)


Les cieux représentent un havre de paix lumineux par sa violence virginale et malgré cela si doux. Lorsque les âmes s'envolent vers leur demeure céleste, notre cœur chavire de douleur alors que nous devrions exulter de joie pour ces âmes disparues. Enfin une vie sans souffrance, détachée de toute situation complexe à gérer. Ne serait-ce pas l'extase ? Après tout ne serait-ce pas la définition d'un état du à une joie extrême, un sentiment d'admiration profond ? La transcription d'un état d'exaltation où l'être est comme transporté hors de lui et du monde. Je me sens pressée d'atteindre cet état jubilatoire. J'ai déjà vécu plusieurs fois sur la terre dans les églises, cette déconnexion du monde mais malheureusement de manière temporelle, je n'ai pas le bonheur suprême de le vivre de façon perpétuelle comme nos chers défunts. Je n'appréhende pas du tout le voyage sans retour contrairement à la plupart d’entre nous. Je crains l'étape préliminaire, c'est-à-dire la souffrance. Ne pas connaître comme les moines et les moniales, dans leur moutier, cette sérénité avant d'expirer. Que représente l'expiration, ce dernier souffle de vie, quelle belle expression, cela donne l'impression de quelque chose d'aérien, de léger et de pas du tout douloureux.

vendredi 18 février 2011

SEJOUR A L'ISLE-D'ESPAGNAC (5)


On retournait dans la gare et cette fois-ci mon amie et moi nous rapprochions du tableau d’affichage de départ des TGV signalant le numéro de la voie. La voie pour le train à destination de Bordeaux ne se révélait pas affichée. Je m’arrêtais à Angoulême.Au bout de plusieurs minutes, on finissait par connaître enfin le numéro de la voie. Jacqueline m’accompagnait dans la bonne humeur jusqu’à mon wagon. Elle attendit que je m’installe et que le TGV se mette en mouvement.
Je lui envoyais un baiser volant à travers la fenêtre et elle fit de même.
Je sortis mon livre « L’itinéraire spirituel de Dom Chautard » que je n’avais pas réussi à achever et mon baladeur MP3 car mon voisin n’arrêtait pas de converser assez fort au téléphone et sa discussion m’empêcherait de me concentrer sur ma lecture. Je vissais mes casques dans les oreilles et me plongeais dans cet univers de moine cistercien.
Au terme d’un grand nombre de pages, je faisais une petite pause pour me désaltérer, manger une barre chocolatée et reprenais mon captivant récit.
Puis j’atteignis la fin de cette œuvre sublime et déterminais d’attaquer l‘ouvrage « L’histoire d’une âme » de Thérèse de Lisieux. J’étais heureuse de m’immerger dans les transcendants écrits de cette sainte.
Après avoir dévoré moult pages, je jetais un œil sur ma montre et m’apercevais que ma destination s’avérait imminente.


Enfin, l’agent de la SNCF annonça notre arrivée en gare d’Angoulême. Je me levais de mon siège, attrapais mon paquetage sur l’étagère au-dessus de mon siège et m’avançais vers la porte de sortie. Je descendis les deux marches, marchai un peu sur le quai et ne voyant pas Odile, j’entrai dans le hall de la gare.J’aperçus ma divine sœur et lui sautai au cou par la joie de la revoir. Elle m’interrogeait sur mon voyage en raison des grèves et lui répondit que mon gentil ange gardien avait veillé à tout car tous les moyens de transport avaient fonctionné normalement.
Mon aînée ria sans aucun doute à cause de la mention de l’ange gardien et m’emmena à sa voiture.
Elle chargea mon bagage dans le coffre. Je m’installai à côté d’elle et nous démarrâmes en direction de l'Isle-d'Espagnac située à 3 kilomètres d'Angoulême.

SEJOUR A L'ISLE-D'ESPAGNAC (4)

Nous nous orientions vers la gare Paris-Montparnasse afin de prendre mon TGV.


Mère Prieure et moi avions largement anticipé l’heure de mon train et je lui suggérais de nous arrêter à la chaîne de boulangerie, pâtisserie, viennoiserie, sandwicherie et de restauration rapide « Paul », située du côté de la gare Montparnasse sortie Vaugirard, pour consommer un  petit déjeuner.
Après avoir choisi notre viennoiserie et notre boisson chaude, on demandait à un membre de la sécurité si s’installer à la table à côté de laquelle se trouvait la valise verte, semblant oubliée par son propriétaire, était possible. Il nous fit signe de nous placer sur la table d’à côté. Jacqueline et moi obéissions scrupuleusement à ses recommandations.
Nous nous mettions à l’aise et entamions notre repas matinal en causant à bâtons rompus mais quand même à un moment donné à propos de cette fameuse valise verte préoccupant la sécurité.
Un agent de l’équipe sécuritaire contacta son chef pour qu’il vienne constater sur place la situation afin de prendre rapidement une décision. Le responsable arriva au terme de quelques minutes, s’orienta vers le bagage suspect et regarda l’étiquette accrochée à la poignée. Il retourna voir ses employés, leur glissa deux ou trois mots et s’évanouit dans la nature. Ensuite l’équipe resta de marbre.
Le temps s’égrenait et mon amie et moi achevions de nous restaurer. Jacqueline me proposa un autre café mais je refusais gentiment alors elle partit commander son breuvage de prédilection mais une file d’attente patientait à la caisse, pendant ce temps un membre de la sécurité s’approcha des tables et fit évacuer tous les consommateurs par sûreté.
Quand Mère Prieure revint, je lui expliquais qu’il fallait qu’elle range toutes ses petites affaires car la sécurité bouclait le périmètre. Elle fit la remarque suivante « nous avions cent fois le temps de sauter. » J’ajoutais en plaisantant « ne pas voir ma sœur Odile et mourir ». Je la dirigeais vers un téléphone pour poser son café sur la tablette. Elle avala tranquillement son express.
Comme nous disposions encore d’un peu de temps, Jacqueline proposa de retourner à l’oratoire car une entrée se trouvait tout à côté de la gare. Mais malheureusement, celle-ci s’avérait fermée.

SEJOUR A L'ISLE-D'ESPAGNAC (3)

En sortant de l’oratoire, je tombais en béatitude devant le poème suivant de Olivier Debré intitulé « La Résurrection ou Le Buisson ardent ».

LA RESURRECTION OU LE BUISSON ARDENT - Olivier DEBRE.

Le Buisson ardent
C'est l'Eternité brûlante
Cest la Renaissance vivante
Pureté de lAmour infini
Lhomme perdu, ressuscité par la passion brûlante.
Le Feu
La Foi
Trace bleue de lâme émue
Jaune lumineux de lEsprit
Tâches vertes de la nature vigoureuse
Traces rouges des flammes purificatrices
passion de lAbsolu.
Cest la Virginité de lEtre
Et lexistence retrouvée.
Lumière créatrice
Espoir de lamour inépuisable
Cest la flamme étincelante de la Vérité
Dans le juste sens de la vie.

accompagnant sa peinture



J’abandonnais cet endroit pétri d’émotions et annonçais à mon amie qu’il était vital que je me procure ce texte. Possédant une bonne mémoire, je mettais ces références dans un coin de ma tête pensant le rechercher sur Internet chez mon adorable sœur.

SEJOUR A L'ISLE-D'ESPAGNAC (2)


Parvenues en gare de Paris-Montparnasse, localisée dans le quinzième arrondissement de la capitale, nous étions très en avance,  

 

Mère Prieure me suggérait de nous recueillir un petit moment à l’oratoire de l’Espace Bernanos rattaché à l’église Saint-Louis d’Antin établi dans le neuvième arrondissement de la cité dont le maire est Bertrand Delanoë.Après une petite marche dans une ville s’éveillant à peine, nous pénétrions dans cette petite chapelle au décor très dépouillé où quelques personnes priaient déjà malgré l’heure matutinale.
Je témoignais ma reconnaissance à Dieu, lui exprimant ma gratitude pour ce voyage que j’allais accomplir sous son aile protectrice. Je lui manifestais le regret de mon existence de ne pas être dotée du don de la composition d’œuvres musicales que je lui chanterai perpétuellement et extatiquement. Puis, je m’imaginais dans son royaume céleste, transportée par son flot d’Amour absolu et de toujours à toujours, jouissant d’une seconde vie dans l’accomplissement de son plan pour ma pauvre âme ballottée dans les méandres de mes quatre existences, celles d'enfant, d'adolescente, de femme et d’épouse.
Jacqueline me fit signe de quitter ce lieu empreint d’une grande paix rejaillissant dans le tréfonds de mon être.

jeudi 17 février 2011

SEJOUR A L'ISLE-D'ESPAGNAC (13 décembre 2010)

Le mardi 26 octobre 2010, je me levais à 6H car je devais être prête pour prendre le transilien de 7H32.


Jacques et moi quittions la « Fourmilière » vers 7H pour passer prendre mon inséparable amie Jacqueline demeurant à Trie-Château bourgade de l’Oise
située à trois kilomètres de notre village, ayant décidé de m‘accompagner jusqu’au TGV.
Arrivés devant le portail de la grande maison de Mère Prieure, il n’y avait personne. Nous ne nous révélions pas inquiets car l’horloge de la voiture n’affichait pas encore l’heure du rendez-vous.
Puis quelques minutes plus tard, Jacqueline apparut sur le pas de la porte, toute pimpante malgré l’horaire matinal, semblant contente à la perspective de cette journée.
Dans l’automobile, notre trio s’animait en papotant activement de manière décousue.


Nous étions parvenus très rapidement à la gare oisienne de Chaumont-en-Vexin, localisée à six kilomètres de chez mon amie, notre destination.Mère Prieure achetait son billet au distributeur automatique pendant que mon époux demandait des fiches horaire au guichet.
Une fois tout le monde satisfait, notre trio patientait sur le quai l’arrivée du train. Après une attente plutôt brève, le transilien pointait le bout de son nez. Il ralentit puis freina afin de s’arrêter.
J’étreignis mon conjoint et l’assura de mon appel téléphonique à mon arrivée à la ville de la préfecture de Charente. Jacqueline le salua et nous montâmes dans le wagon face à nous.
Mère Prieure vit un jeune homme grimper portant un vélo muni d’un moteur et se rapprocha de lui pour se renseigner sur ce modèle de bicyclette. Ce cycliste lui donna toutes les informations très aimablement.
Nous allâmes nous installer et elle m’expliqua que c’était pour son compagnon Carlo car sa voiture risquait de rendre l’âme et conséquemment aux problèmes de pénurie d’essence, il fallait envisager une solution de secours. Puis le train s’ébranla lentement.
Je lui tendis mon dernier texte narrant ma journée parisienne passée avec Laurence avec qui elle avait partagé un moment ce jour là. Jacqueline lut le texte ajoutant des commentaires au fur et à mesure de son avancement dans la lecture. Elle me complimenta sur le style, le vocabulaire fouillé et l’alternance entre l’humour et le sérieux. Mon amie conclut « j’ai vécu ta journée ».
Puis nous réamorcions notre conversation sur le comportement de Jacques vis-à-vis de moi. Je lui expliquais son harcèlement perpétuel et Mère Prieure s’exclamait « il effectue un travail de sape et tu ne dois pas tomber dans son jeu. Quand il t’attaque, ignore le ». Sa méthode s’avérait sans doute la meilleure mais parfois le silence se révèle difficile à garder dans certaines conditions.
Le train s’était bien rempli tout au long du parcours et une femme plutôt jeune arriva vers nous, je libérais le siège à côté du mien occupé par mon sac de voyage pour lui céder la place. Elle passa devant les jambes de Jacqueline et demanda pardon. Mon amie dotée de son célèbre sens de l’humour lui répondit « on ne pardonne plus ». La personne répliqua sur un ton assez décontracté « je suis désolée, j’ai été élevée en apprenant à dire bonjour, au revoir, s’il vous plait, merci, pardon et la vie en société est bien plus agréable de cette façon ».
Mère Prieure ajouta « je demeure tout à fait d’accord avec vous. Aujourd’hui, le respect n’existe plus. Les gens ne se parlent plus. Nous vivons dans un monde très individualiste. » Ma voisine s’exclama « à ce propos, je suis un stage en ce moment, un stagiaire vient de Lille et était surpris par le comportement des parisiens. Il nous relatait que dans le métro les habitants de la capitale sont tous plongés le nez dans leurs livres et ne s’adressent pas la parole. Dans les couloirs du métro, il s’avère impossible d’aller dans le sens opposé de la foule car le flux vous fait tournoyer sur vous-même. C’est une ville de fous. »
Je commentais la réflexion du monsieur en racontant ceci : « quand je suis arrivée à Lutèce, je voyais tous les autochtones courir et je ne comprenais pas pourquoi car en province, les habitants ne mènent pas cette course perpétuelle contre la montre. Au bout de quelques temps, je ne sais pas si le phénomène de mimétisme jouait un rôle, je me mettais à galoper tout comme eux sans aucune raison valable. Quand je pris conscience de mon nouveau comportement, je me fis violence et corrigeai ce défaut incontinent. »
La femme trouvait mon témoignage intéressant et riait de la manière humoristique dont je narrais cette expérience de vie. Je me permis de lui demander, si cela n’était pas trop indiscret, le thème de sa courte formation. Elle me fit la réponse suivante « le sujet porte sur l’estime de soi. » Je lui dis « cette notion me semble primordiale de nos jours et manque à bon nombre de nos concitoyens ». Ma voisine abonda dans mon sens, puis Mère Prieure sortit « avant votre arrivée, nous parlions justement de ce concept. Quelle coïncidence ! ».


Un message diffusé dans les haut-parleurs nous annonçait l’arrivée à la gare Saint-Lazare se trouvant dans le huitième arrondissement de Paris. La femme, Jacqueline et moi nous levâmes pour nous préparer à descendre du wagon et ma voisine nous souhaita un bon week-end prolongé et ajouta « mais il fera sans doute moche car il y a trois jours. », puis nous nous saluâmes. Il était 8H38. Cette fin de parcours s’était avérée inopinée et très sympathique.Mon amie et moi marchions pour rejoindre la bouche de métro car on devait se diriger vers la station Montparnasse Bienvenüe en prenant la ligne Châtillon - Montrouge. Le trajet ne comportait que sept arrêts.

PROMENADE PARISIENNE EN COUPLE (3)


Nous continuions à déambuler et finissions par atterrir au « Musée du Petit Palais ».



De très belles peintures de Gustave DORE comme « La vallée des larmes », tableau gigantesque dans lequel l’humanité souffrante se dirige vers la figure du Christ rédempteur portant sa croix. La lumière qui irradie de sa frêle silhouette éclaire un paysage aride et montagneux. La foule se presse sur ces pentes abruptes : souverains et mendiants, enfants et vieillards, hommes et femmes.
Ainsi que des toiles d’Auguste RENOIR , de Claude MONET, d’Alfred SISLEY et d’autres impressionnistes de cette même période se situant entre 1864 et 1883 décorent les murs de différentes salles en ce moment.



Mais mon conjoint et moi ne nous attardions pas car nous préférions jouir du grand air en baguenaudant dans son délicieux jardin agrémenté de plantes exotiques. Au terme d’une agréable balade, on se rapprochait gentiment des Invalides, lieu de notre parking couvert.


A plusieurs centaines de mètres de l’Esplanade des Invalides, on entendait du bruit venant de haut-parleurs mais les sons s’avéraient trop indistincts pour en décrypter le sens. Au fur et à mesure que nous nous rapprochions, les phonèmes devenaient plus clairs et nous dévoilaient l’utilisation de la langue arabe.


Une fois au milieu du groupe des manifestants, on comprenait que les revendications concernaient l’Egypte luttant pour un régime plus authentiquement démocratique. Evènement politique important du moment. Mon époux et moi marchions encore un peu pour rejoindre notre véhicule, il était déjà 16H30 et sans doute l’heure de sortie du travail pour certains. Nous espérions seulement éviter les fatidiques encombrements du vendredi soir après les problèmes du matin.
La circulation se révélait fluide et notre couple était sur son petit nuage consécutivement à cette petite virée au demeurant très plaisante. Vers 17H30, les bouchons naquirent et ma moitié roulait pare-chocs contre pare-chocs, quel désastre ! Cet état de fait dura un certain temps ! Puis le trafic se liquéfia à nouveau et le sourire réapparut sur nos lèvres.
Néanmoins, nous rentrâmes à 19H à notre douillette « Fourmilière ». Notre ménagerie manifestait sa présence. Chaque membre à sa manière. Ce fut une journée riche d’émotions !

PROMENADE PARISIENNE EN COUPLE (2)



Malgré ce décor cossu et feutré, la carte offrait, malheureusement, un menu unique dispendieux dont l‘inventivité défaillait cruellement.
Une mise en bouche insignifiante nous fut apportés.
Peu de temps après, l’entrée apparaissait. Un œuf mollet pané à la noisette accompagné de ses mouillettes au jambon sec, agrémenté d’une mousseline d’artichaut. La créativité n’éclatait pas dans ce mets. S’enchaînait le plat. Une épaule d’agneau de lait confite et croustillante escortée de salsifis glacés au jus. La transcendance n’explosait pas non plus. Et pour couronner ce repas en absence de saveurs, les poires pochées rehaussées d’une crème de marrons nappés d‘un coulis de cassis. Un dessert ne reflétant pas un esprit d’innovation ! Une énorme déception ressortait de cette cuisine plutôt simple pour du Bernard LOISEAU mais nous étions récompensés



par la présence du journaliste Jean-Claude NARCY (né le 16 janvier 1938) qui n'est plus salarié de TF1 depuis fin 2003.Néanmoins, il intervient à l'antenne en tant que consultant pour les grands événements télévisés avec Charles Villeneuve comme le défilé du 14 juillet, le Millénium, les 60e et 65e anniversaires du Débarquement en Normandie, les mariages princiers, cérémonie hommage de Michael Jackson et autres documents spéciaux (Brèves de Guerre...). Cet homme renommé était en compagnie d’une demoiselle débutant dans la profession à qui il révélait quelques ficelles du métier.

Puis quelques temps après, surgit Thierry ARDISSON. Cet animateur et producteur de télévision et de cinéma français, né le 6 janvier 1949, discutait affaires avec deux anglais d’âge mûr.Faut-il rappeler que durant l'été 2010, cette célébrité présentait « Happy Hour », un programme en lieu et place de « Salut les terriens » qui mélange talk-show et jeu. Cette vedette co-produit depuis septembre 2005 « Concerts sauvages » sur France 4. Il produisait aussi sur la période 2010 « La télé est à vous », émission présentée et déjà testée le 24 décembre 2009 par Stéphane BERN.
Ce dernier, journaliste, animateur de radio et présentateur de télévision français né le 14 novembre 1963, est connu comme spécialiste du gotha et des têtes couronnées. Entre autres, depuis 2000, il produit et anime l’émission «  Le Fou du roi » sur France Inter et depuis 2010 nous divertit avec « Comment ça va bien ! » sur France 3.
15H s’affichait à la pendule du restaurant et nous pouvions voir à travers les fenêtres un soleil rayonnant, nous transportant de joie et nous donnant envie de profiter de la vie. On choisissait de se promener par ce temps si printanier.



A quelques pas de « Tante Marguerite » un mouton, de la race Ile de France, trônait sur le trottoir à côté de pots de fleurs. Scène vraiment insolite !

PROMENADE PARISIENNE EN COUPLE (13 février 2011)

Cette journée du 11 février 2011, mon mari et moi nous levions de bon matin car j’avais une consultation à 11H à l’hôpital « Sainte-Anne » spécialisé dans le domaine de la psychiatrie et notamment dans ma pathologie, la psychose maniaco-dépressive. Cet établissement médical se situe dans le premier arrondissement de Paris à 75 kilomètres de notre charmante « Fourmilière ». Nous nous préparions sans traîner et quittions notre humble demeure vers 8H après avoir programmé sur notre navigateur de localisation l’adresse de l’hôpital et avoir mis en route notre détecteur de machines à taxer les automobilistes.
Au bout de plusieurs longues minutes, l’antiradar nous avertit bruyamment de sa parfaite réception des satellites. On roulait en respectant les panneaux de limitation de vitesse mais la circulation s’avérait fluide malgré l’horaire. Il pleuviotait toutefois pas suffisamment pour rendre la chaussée glissante.
Ce jour se présentait sous de bons auspices !
Notre trajet se déroulait sans encombres et puis nous nous sommes retrouvés bloqués dans un embouteillage monstre, des voitures de police à la sirène hurlante doublaient tous les véhicules pour atteindre les lieux de l’accident. Aucune information ne filtrait sur le temps de déblaiement de la route.
Je commençais à angoisser, je voyais l’heure tourner, vérifiais sur mon mobile si le numéro de « Sainte-Anne » était présent dans le répertoire de mon téléphone au cas où la situation s’aggraverait.
Je sortais ma mini bible et m’imprégnais de quelques versets afin de me détendre et d’attendre la reprise du trafic.
Un automobiliste vociféra : « il y en a pour deux heures ». Je pensais que j’allais devoir annuler mon rendez-vous mais mon époux me dit : « patiente, on verra bien ».
Au terme d’un certain temps la circulation reprît et mon conjoint accéléra pour rattraper le retard occasionné par cet évènement.



Une fois arrivés au pied de l’établissement médical, les aiguilles de ma montre indiquaient 10H50, j’étais sauvée.
Je me hâtais vers l’accueil afin de savoir où se trouvait le service du docteur en question. Je pressais le pas vers un autre bâtiment, me présentais au secrétariat pour effectuer les papiers administratifs et me dirigeais vers la salle d’attente, il était 11H.
Je sortis les Saintes Ecritures, méditais sur un ou deux passages et une jeune femme de petite taille m’appela d’une voix douce et me fit entrer dans son cabinet.
Je remarquai très rapidement le professionnalisme de cette psychiatre vue la précision des questions.
Au terme d’une heure d’entretien, je retrouvais mon mari dans la salle d’attente.


Notre nouvelle destination se révélait un des restaurants de feu Bernard LOISEAU, « Tante Marguerite » situé dans le septième arrondissement de Paris


à deux pas de l’Assemblée Nationale.Ce chef aux trois étoiles Michelin du   « Relais Bernard LOISEAU » localisé à Saulieu en Côte-d-Or s’est envolé aux cieux en 2003 avec du plomb dans l’aile, s'étant tiré une balle dans la bouche avec son fusil de chasse.
Le parcours représentait cinq kilomètres. Nous avons perdu beaucoup de temps à dénicher un parking couvert pour garer la voiture. Après avoir découvert cette rareté, on a décidé de marcher jusqu’au restaurant. Malheureusement, mon époux et moi nous sommes fourvoyés et avons effectué le double de kilomètres.
Nous sommes parvenus, enfin, à l’établissement à 13H, heure de notre réservation réalisée par téléphone deux jours auparavant.

dimanche 13 février 2011

ESCAPADE BRETONNE (5)

La balade digestive pour nous y rendre représentait une marche de 700 mètres. Une fois, parvenues à destination, la gardienne nous donna gentiment un plan de ce lieu où demeurent les êtres disparus afin de nous orienter plus facilement et de trouver les sépultures des personnes illustres pour lesquelles nous éprouvions de l’intérêt. Après avoir repéré quelques noms importants sur le papier, Jacqueline et moi cherchions activement ses fameuses tombes


et ressentions du contentement lorsque nous réussissions à en dénicher une.




Nous nous arrêtions, de temps à autre, devant des sépultures parées de sculptures originales. Nous tentions de localiser Gainsbourg quand la cloche se mît à sonner. Le cimetière fermait à 18H. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtions dans un café spacieux pour déguster un grand diabolo menthe bien frais car la chaleur nous avait assoiffées et un peu plus loin dans une pâtisserie réputée afin de nous procurer les appétissants macarons figurant en vitrine. Dans le bus qui nous conduisait à la gare Saint-Lazare, mon amie et moi savourions lentement notre petit gâteau granuleux et moelleux à la fois. Arrivées à destination, j’appelais mon mari pour lui demander de venir nous récupérer à la gare de Trie-Château à 19H33. Peu de temps après, nous montions dans le transilien et évoquions nos prochaines sorties parisiennes sans une certaine euphorie. Une heure et dix minutes plus tard, mon époux nous attendait dans la voiture, heureux de me retrouver, en pleine forme, après ces quelques jours de séparation salutaire. Il me pressait de questions sur ma petite vie en Bretagne et mon voyage en TGV. Quel bonheur !

ESCAPADE BRETONNE (4)

Le jour du retour, après un sommeil perturbé, je me levais à 6H, prenais une bonne douche me fouettant les sangs et m’habillais activement. A 7H, je frappais à la fenêtre d’Odile dont le rideau était tiré. Elle m’ouvrit, m’étreignit et prit de mes nouvelles. Nous descendions nous régaler avec notre petit-déjeuner. Une fois de plus, je commettais le péché de gourmandise, j’engloutissais plusieurs viennoiseries et me précipitais sur les diverses boissons. Ma sœur me fit signe que c’était l’heure de nous mettre en route. Dans la voiture, nous parlions sans discontinuer, conscientes de la séparation à venir. Nous nous fixions rendez-vous pour la toussaint à Rennes. Cette destination s’avérait aussi plus proche pour moi. En TGV, le voyage Paris-Rennes prend seulement deux heures. Cette nouvelle évasion serait une ouverture sur le monde. Parvenues à la gare, Odile m’accompagna au quai où nous faisions de dernières effusions avant de nous quitter. Je lui conseillais de ne pas attendre le départ du train afin de ne pas la retarder car son parcours représentait six cents kilomètres. Je montais dans ce formidable moyen de transport et me mettais à l’aise pour un voyage de cinq heures. Au bout de quelques minutes, le train s’ébranla lentement et je regardais à travers la vitre nous éloigner du quai. J’extrayais un ouvrage de médecine de mon sac à dos et me plongeais dans cet univers complexe avec grand intérêt. Au terme d’une heure et trente minutes, je m’endormis sur cette œuvre scientifique et mon ronflement me réveilla. J’essayais à nouveau de m’immerger dans ma lecture mais mes yeux se fermaient tous seuls. Je décidais de m’assoupir un moment pour récupérer un peu les heures de sommeil manquant à mon compteur. Finalement, un bruit me sortit de mon endormissement, il restait encore deux heures de trajet. Je grignotais quelques madeleines, bien évidemment pur beurre, acquises dans une boutique brestoise, avant d’attraper mon baladeur MP3 pour entendre des mélodies propices au recueillement. La dernière demi-heure, je regardais, à travers la fenêtre, le paysage verdoyant, défiler.


A ma montre, les aiguilles indiquèrent 13H30 et nous arrivions en gare de Paris-Montparnasse. Je descendais du TGV et à ma grande surprise, Jacqueline m’attendait. Elle me retrouvait souriante, m’embrassait chaleureusement et constatait que j‘étais revenue ressourcée de cette fabuleuse échappée celtique, en me replongeant dans mes racines d’adoption. L’air iodé m’avait stimulée et je percevais la vie à travers un kaléidoscope me renvoyant un motif chamarré. J’exultais de joie.


Mon amie me proposa de visiter la Chapelle Saint-Bernard de Montparnasse située à cinq minutes à pied de la gare dont l‘entrée se trouve sous l'horloge de gauche de la gare Montparnasse. Nous nous enfoncions dans ce lieu de culte afin de prier un petit moment. Je souhaitais remercier le Seigneur de cette agréable escapade bretonne et de ces merveilleux partages avec ma sœur. Cet endroit offrait un lieu d'intériorité et de silence pour la rencontre, le partage et la recherche de sens pour les solidarités humaines et les exigences évangéliques pour célébrer la diversité humaine et le Christ ressuscité. Avant de quitter cet endroit, au décor très dépouillé, Jacqueline et moi avions laissé une trace de notre passage sur le livre d’or placé sur une table à la sortie.


Nous avons rejoint la crêperie « Le petit Josselin » localisée à 800 mètres de notre point de départ. Pendant que nous savourions de succulentes et généreuses galettes et crêpes accompagnées d’un cidre demi-sec exquis, nous discutions de mon séjour et de la façon dont nous allions occuper notre après-midi. Après un moment de réflexion, mon amie me suggéra une promenade dans le cimetière du Montparnasse abritant des tombes célèbres.

jeudi 10 février 2011

ESCAPADE BRETONNE (3)

Le jour suivant, j’émergeais à 7H bien reposée. Je faisais le nécessaire pour être prête pour 8H. A 8H, je cognais à la porte de sa chambre comme convenu la veille. Odile vînt m’ouvrir, m’embrassa chaleureusement et me proposa une promenade au bord de la mer. Nous descendions nous restaurer et, toujours aussi incorrigible, je dégustais un petit-déjeuner d’ogre en abusant des diverses pâtisseries proposées. Ma sœur, d‘un dynamisme exceptionnel, me suggérait de visiter Concarneau située dans le Finistère, à 93 kilomètres de Brest.


Au terme d’une heure de route, nous atteignions cette jolie petite ville close




où les demeures gardaient ce charme typique des maisons en granite. Cette commune reste le premier port de pêche français. Elle et moi sommes baladées dans ce lieu très touristique et le soleil nous montrait ses plus beaux rayons se reflétant sur la mer en une couleur argentée.




Nous nous abandonnions à contempler de vieux gréements immobilisés, espérant voguer vers des horizons lointains.




Odile et moi avons pris des sentiers de randonnée pittoresques longeant la merveilleuse plage de sable blanc. Lors de notre délicieuse halte marine, nous avons savouré, dans un des restaurants de la ville




offrant une magnifique vue sur l’étendue d’eau salée, un sublime plateau de fruits de mer composé d’huitres, d’oursins, de crevettes bouquets, de crevettes grises, de langoustines, de deux tourteaux, de bigorneaux, de bulots et de palourdes, pêchés au large par des marins bretons. Pendant le repas, ma sœur et moi remémorions le passé. Elle mettait son âme à nue. Odile m’avoua que malheureusement, maman l’avait empêchée de réaliser sa vocation, enseignante en musique et je lui confiais que notre mère m’avait freinée dans mon souhait de rentrer à hypokhâgne afin d‘effectuer des études supérieures littéraires pour apprendre à mieux maîtriser la belle langue de Molière. Nous avions essayé de compenser nos frustrations. Ma sœur en donnant des cours particuliers de piano et moi en écrivant à titre personnel. Nous dégustions en dessert un méli-mélo de sorbets aux parfums subtilement rafraîchissants de pomme verte, de griotte et d’anis, garni de crème Chantilly. Pour digérer ce succulent déjeuner, nous apprécions un café à l’arôme voluptueux. L’après-midi, la chaleur, d’une température idéale, nous incitait à continuer notre virée. Nous élisions un autre lieu en bord de mer. Cette nouvelle destination s’appelait Plougonvelin, ville du Finistère située à 121 kilomètres de notre point de départ mais nous rapprochant de Brest car elle s’en avérait éloignée de 21 kilomètres. Dans la voiture, le thermomètre affichait une valeur élevée en raison de la réverbération du soleil sur le pare-brise. Nous roulions les vitres ouvertes.


Au bout d’une heure et trente minutes de trajet, nous parvenions à la plage de cette commune, si convoitée en période estivale. Odile, très courageusement, trempa ses pieds dans cet océan atlantique plutôt froid. Vers 18H30, nous regagnions la ville ayant bercé notre enfance en songeant à commencer à chercher un endroit où diner. Ma sœur, très peu encline à la gastronomie, choisit une cafeteria. Nous sélectionnions à nouveau la formule plat plus dessert mais cette fois Odile et moi penchions pour la copieuse galette complète bien de chez nous et




une belle part de kouign amann dont je me léchais les doigts. L’air marin nous avait mis en appétit et notre volubilité s’était évanouie ! Nous mangions assez rapidement et rentrions dans notre résidence temporaire pas trop tard car le lendemain l’horaire de départ de mon TGV était fixé à 8H39. Ma sœur et moi prévoyaient de nous lever à 7H afin de disposer d’assez de temps pour nous préparer, déjeuner et se rendre à la gare.

ESCAPADE BRETONNE (2)

Après une nuit agitée, je posais le pied à terre à 7H et me préparais tranquillement car j’avais donné rendez-vous à Odile, qui occupait une chambre jouxtant la mienne, à 8H devant sa porte. A 8H, je tapais à sa fenêtre et elle vint m’ouvrir. Après les baisers du matin et l’échange de quelques banalités, nous descendions apprécier un petit-déjeuner. N’ayant pas mon mari derrière mon dos, j’engouffrais de nombreuses viennoiseries que je savourais avec plaisir et je me délectais d’un succulent jus d’orange, d’un café aromatisé à la vanille et d’un chocolat crémeux. Le lendemain de mon arrivée, le crachin tombait sur Brest. Une activité pratiquée en intérieur s’imposait. Ma sœur me proposa le parc de découverte des océans Océanopolis qui avait subi plusieurs agrandissements au fil du temps et dont on fêtait les vingt ans cette année. J’accueillais avec joie sa suggestion.


Nous arrivions vers 10H dans cet univers marin formé de trois pavillons : polaire, tempéré et tropical.



En ce qui concernait le milieu polaire, notre première rencontre fut avec les manchots, oiseaux marins de l‘hémisphère austral, incapables de voler à cause de leur adaptation à la vie aquatique à la différence de celles de leur cousin les pingouins.
Dans un bassin de 1000 mètres cubes d’eau, nous découvrions, étonnées, des crabes géants arpentant les fonds,


nous nous extasions devant les anémones aux couleurs vives s’accrochant à la roche,


nous ressentions un fort dégoût face aux poissons à la mine patibulaire se réfugiant dans les crevasses


par contre nous avions envie de caresser les phoques dotés d’un petit « minois » sympathique évoluant librement. Ils appréciaient tout particulièrement la banquise de vraie glace reconstituée et jouaient à sauter dessus. Les soigneurs, très professionnels, communiquaient par la voix et le langage des signes avec eux. Les exercices demandés aux phoques, étaient interprétés par eux comme du jeu et permettaient aux soigneurs les manipulations favorisant la vérification de leur état de santé ou de les isoler pour l‘entretien du bassin. Ils étaient vraiment très drôles et très attendrissants à la fois.Dans le bassin du domaine tempéré, se côtoyaient, sans trop d’agressivité, prêtres, chinchards, langoustines, turbots, plies, (des poissons et crustacés, communs, cuisinés de multiples et succulentes façons par les chefs étoilés de notre beau pays) et nous avons pu admirer




quelques phoques gris superbes à la « frimousse » attirante.


Nous sommes restées en extase devant un magnifique ballet de méduses violettes en suspension. Nous décidions de faire une pause déjeuner, assez rapide, dans une brasserie du parc, le temps de nous reposer un peu.
Nous avions suffisamment récupéré et nous nous lancions à l’assaut du monde tropical.



Dans le bassin virevoltaient des espèces plus bariolées les unes que les autres dont nous n‘arrivions pas à décoller notre regard de la vitre.


Nous avions éprouvé de l’effroi devant les requins nageant tranquillement


pendant qu’une tortue, nous donnait le tournis, en tournant inlassablement dans une eau limpide et bleue couleur des mers du sud.
Nous quittions ce parc, très instructif, vers 15H, imprégnées de cette atmosphère bien singulière. Le soleil brillait, nous convenions de déambuler dans les quartiers de Brest de nos anciennes habitations pour nous replonger dans nos souvenirs, nous étions nostalgiques d’antan. J’étais curieuse de voir les changements apportés depuis 2004, date de ma dernière visite. Je ne peux pas écrire comme Verlaine dans son poème « Après trois ans », rien n'a changé. J'ai tout revu : car dans cette ville bretonne,


le tramway se construisait et la physionomie de la cité s‘avérait complètement transformée. Les maisons campées dans la rue où habitaient mes parents attiraient le regard par leurs couleurs vives. Ce décor me rappelait l’ambiance des cités britanniques.
Vers 18H30, nous nous rapprochions d’une grande surface afin de dîner dans un restaurant libre-service. Après un rapide tour dans les rayons du magasin, nous pénétrions dans le Flunch. Nous options pour une formule plat plus dessert, sans aucune spécialité bretonne. Ma sœur en profitait pour téléphoner à la comptable de la chorale charentaise qu’elle dirige car elle invitait, dans les deux semaines à venir, les choristes de l’ensemble vocal rennais en Ille-et-Vilaine, dont elle appartenait au pupitre de chœur soprane, pour les loger chez les membres de sa chorale, à participer à un concert donné par son ensemble vocal. Cette manifestation réclamait une très grande organisation. Je l’interrogeais sur ses activités musicales et elle me répondait avec passion. Elle avait longuement évoqué sa vie extra professionnelle en me décrivant ses répétitions à l’approche des concerts. Il était manifeste que la musique représentait pour elle un second souffle. De retour à l’hôtel, elle m’invitait gentiment à achever la soirée dans sa chambre afin de regarder sur son ordinateur portable un de ses spectacles musicaux et humoristiques. Odile, qui s’avérait d’un naturel plutôt réservé, se révélait métamorphosée. Elle accompagnait au piano deux cantatrices et toutes trois jouaient les comiques sur scène. Dommage que nos parents se soient envolés vers leur dernière demeure ! Il se faisait tard et si nous voulions profiter pleinement de la dernière journée de notre escapade, nous devions nous coucher afin d’être en pleine forme.