dimanche 13 mars 2011

ECHAPPEE NORDISTE (6)

Nous reprenions la route en direction de Dunkerque, dans un silence religieux, afin de nous reposer un peu à l’hôtel avant de souper pour la dernière fois durant notre escapade. Ce soir, nous délaissions les spécialités locales pour un menu composé de buffets d’entrées et de desserts. Je dévorais plusieurs mets mais je suis tellement gourmande que j’engloutissais de nombreuses pâtisseries. Je me régalais mais j‘exaspérais mon petit mari. Nous ne rentrions pas trop tard dans notre résidence temporaire car le jour suivant nous roulions sur une très longue distance pour retrouver notre agréable « Fourmilière ». Après une bonne nuit de sommeil récupérateur et un petit-déjeuner gargantuesque afin de satisfaire ma gloutonnerie, nous quittions l’hôtel en direction de notre charmant village perdu dans l’Oise, habités par un léger vague à l’âme de quitter cette région où les autochtones se montraient si accueillants. Au bout de quelques kilomètres, un soleil radieux nous égayait l’humeur et nous faisait oublier notre spleen éphémère. Nous nous remémorions les moments marquants de notre séjour et nous riions à gorge déployée. Après environ trois heures de route, nous voyions un panneau de signalisation routière indiquant la destination du Touquet. Nous convenions de nous y rendre malgré le détour de cinquante kilomètres afin de déjeuner. Nous choisissions le parcours touristique et découvrions de superbes paysages que nous étions loin de soupçonner.


Après avoir roulé 45 minutes, nous étions enfin arrivés dans cette station balnéaire très bourgeoise du Pas de Calais, très prisée des Parisiens malgré les 230 kilomètres de distance. En attendant l’heure du déjeuner, nous prenions le temps d’apprécier un café dans le parc d’un estaminet car la chaleur s’avérait déjà étouffante.


Nous nous promenions un peu dans les rues de cette ville au demeurant très plaisante


pour nous arrêter à la terrasse de l’incontournable restaurant de poissons « Pérard ». Malgré la canicule, nous options pour un menu marin En entrée une excellente soupe de poissons bien frais agrémentée de ses petits croutons, de gruyère et de rouille ravivait notre palais délicat, nous avions le temps de digérer notre potage avant de nous régaler avec le plat composé de colin en sauce, de toute fraîcheur, accompagné de ses goûteux petits légumes croquants à souhait et un dessert circonstanciel, un sorbet constitué de trois boules aux subtils parfums de vanille des Iles et de citron. Ce méli-mélo s’avérait très rafraichissant et exquis. Après ce repas frisant le menu diététique, nous savourions un dernier café à l’arôme voluptueux et fort à la terrasse un peu bruyante d’un bar avant de rejoindre sans trop traîner la voiture. Il nous restait presque 200 kilomètres à parcourir pour retrouver notre petit univers. Au fur et à mesure que les kilomètres défilaient, des sites harmonieux se dévoilaient à notre vue sous un ciel d‘azur. Nous étions pourtant un samedi mais la circulation s’avérait fluide. Après deux heures de route, nous étions enfin arrivés à destination, le visage marqué par un certain hâle à cause de la réverbération du soleil sur le pare-brise et retrouvions avec joie notre petite ménagerie un peu perturbée par ce changement dans leur vie quotidienne. Cette échappée nordiste nous avait conquis !

ECHAPPEE NORDISTE (5)



Nous avions été frappés par les fortifications médiévales de l’époque de Vauban composées de magnifiques portes impressionnantes. Malheureusement, il ne restait que quelques vestiges du château et de l’abbaye donnant une impression de désolation au sein d’un parc verdoyant mais bien entretenu.


Nous avions été conquis par l’architecture du Nord de la France mis en valeur par l’hôtel de ville et le Mont de Piété. Nous avions voyagé dans le temps avec de superbes maisons et de magnifiques hôtels particuliers datant des XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.


Nous avions été navrés de constater la démolition d’une partie de la jolie église « Saint-Martin » remontant au XVIe siècle et reconstruite avec des matériaux traditionnels du XXe siècle. Ce lieu de culte conservait néanmoins une âme. En me promenant dans les travées de l’église, mon regard s’était immobilisé sur un texte apposé aux pieds d’une statue de la Vierge. Il m’a tellement touchée que je ne peux m’empêcher de le citer, il s’agit d’un extrait de :
« La vierge à midi » tiré des « Poèmes de guerre » de Paul Claudel. (1868-1955) [Ambassadeur, académicien, écrivain, poète et dramaturge].
Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,
Parce que vous m'avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu'elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu'à l'heure où tout craquait, c'est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Je ressortis de la maison de Dieu émue et en communion avec ce merveilleux passage.

ECHAPPEE NORDISTE (4)

Après nos plaisantes déambulations belges, nous étions contents de retourner en France, en direction de Hondschoote pour y déjeuner car les restaurants flamands sont très onéreux, le rapport qualité prix ne s’avérant pas très bon. Cette ville située à 19 kilomètres de La Panne, recélait un bon petit cabaret-dîner spectacle. Nous avions apprécié le décor rustique laissant apparaître de solides poutres en chêne. La délectable odeur de la flamiche aux poireaux nous avait mis en appétit et nous nous étions laissé tenter par une autre spécialité régionale la tarte d'Artois à la rhubarbe rappelant notre merveilleuse tarte « Tatin » solognote. Elle se révélait exquise ! Après s’être bien restaurés mais nous nous sentions encore dynamiques,

nous avions visité la petite église « Saint -Vaast » qui enfermait d’impressionnants trésors. Nous avions contemplé le superbe retable de « Saint Sébastien » du XVIIe siècle et le non moins apprécié de la vierge où Dominique y recevait le rosaire des mains de celle-ci devant lesquels nous avions prié un moment.


Nous avions fait retentir les trois magnifiques cloches apparaissant à l’entrée datant de 1921 et de 1930 et avions été agréablement surpris par leur sonorité cristalline.


Nous étions restés ébahis par l’état de conservation de la chaire datant de 1755. Dans ce lieu propice au recueillement était affiché sur un tableau « le chemin des retables », circuit reprenant les villes à la découverte des trésors de Flandre. Un nom nous avait sautés aux yeux, Bergues. Commune rendue célèbre par le tournage du film « Bienvenue chez les ch'tis ». Elle se trouvait à treize kilomètres. Nous avions quitté cette église très méditatifs et imprégnés de l’atmosphère si particulière de cet endroit. Nous avions rejoint la voiture tranquillement et nous étions dirigés vers la réputée Bergues.

ECHAPPEE NORDISTE (3)

Après avoir avalé un petit-déjeuner pantagruélique dans notre habitation passagère, nous naviguions vers de nouvelles aventures ! Notre destination s’avérait la Belgique, plus exactement La Panne.






Nous connaissions déjà cette jolie petite ville balnéaire que nous apprécions comme un bon nombre de Français car elle se trouve à 23 kilomètres de Dunkerque et le dimanche, les Flamands ouvrent leurs magasins ainsi cette cité conserve son ambiance très animée.


Lors de notre promenade dans les rues bien tranquilles, nous avions contemplé de splendides villas construites de façon originale. Nous respirions un air un peu moins pollué car les habitants bénéficient de pistes cyclables et du tramway. Mon tendre époux, comme à l’accoutumée, s’était réapprovisionné en cigares car le tabac coûte moins cher dans ce pays européen.

ECHAPPEE NORDISTE (2)


Nous avions été surpris par les magnifiques dunes de sable blanc s’étendant à perte de vue rappelant un peu le désert et la translucidité de la mer nous faisant nous évader vers des pays appartenant à un autre continent. En bord de mer le vent soufflant toujours et le froid commençant à se faire sentir, nous éprouvions le besoin de nous mettre à l’abri et d’avaler une boisson chaude. A l’intérieur d’un café offrant une splendide vue sur cette superbe plage, nous avions savouré lentement un excellent café comme seuls les cafetiers du nord savaient le faire ! L’heure du souper approchait et nous étions retournés en ville


pour diner dans un restaurant situé près de l’église « Saint-Eloi ».
Nous nous étions réchauffés avec un copieux waterzooi aux saveurs inhabituelles mais dont le fumet délicat exhalait dans la salle, nous nous étions régalés avec le merveilleux potjesvlees accompagné de ses incontournables frites au goût incomparable car elles étaient faites maison et comme gourmandise d’extraordinaires croquants de Spéculoos, aux pommes acidulées qui avaient éveillé mes sens gustatif et olfactif. Une bonne nuit de sommeil afin de récupérer du voyage et le lendemain nous étions levés à 8H en bonne forme pour profiter pleinement et dans la joie de cette unique et magique journée touristique qui s‘annonçait.

samedi 12 mars 2011

ECHAPPEE NORDISTE (12 mai 2010)

Le jeudi 22 avril 2010 nous nous échappions de la « Fourmilière » en direction du nord de la France, plus précisément vers Dunkerque, distant de 280 kilomètres de notre village localisé dans l‘Oise, de bonne heure afin de déjeuner dans un restaurant, proposant une cuisine locale, situé dans cette ville. Vers 10H, nous avions effectué une charmante halte inattendue sur l’aire autoroutière appelée « La Baie de Somme » de l’A16 à 150 kilomètres de chez nous.


Sur une grande étendue d’eau, glissaient avec élégance plusieurs canards dotés de plumages de très jolies couleurs. Lors des mouvements de tête de certains la très belle teinte verte de cette partie du corps chatoyait et leurs ailes d’un bleu-violet intense donnaient l’impression d’être peintes. Nous nous extasions aussi devant leurs petits camarades dont la tête violette scintillait au soleil. Ils nous offraient un magnifique spectacle. Sans nasiller, ces palmipèdes très familiers, s’approchaient des automobilistes pour quémander gentiment du pain. Quelques éoliennes se fondaient assez bien dans le paysage malgré leur taille imposante. Après avoir pris le temps d’apprécier un café au distributeur de boissons chaudes, de regarder avec intérêt les divers articles présentés dans la boutique de la station et de nous dégourdir les jambes avec allégresse, nous avions repris la route totalement détendus et étions parvenus à destination heureux sous un soleil radieux vers 13H. Grâce à notre GPS nous nous étions rendus aisément au restaurant choisi préalablement dans le guide sur Dunkerque gentiment offert par l’Office du Tourisme lors d’une précédente visite. L’établissement se nommait « Le Vent d’Ange ». Nous avions longuement admiré le décor composé, à l’évidence, d’anges de toutes sortes. Sous chacun, nous pouvions découvrir une maxime remplie de philosophie. Au menu, nous avions dégusté en entrée une délicieuse tarte au maroilles dont l‘odeur nous chatouillait agréablement les narines avant de nous la servir, suivie d’une carbonade flamande dont le goût très subtil m’évoquait un plat de mon enfance et en dessert une tarte au sucre typique de ce coin de la France, satisfaisant tout à fait à mon incorrigible péché de gourmandise. Nous avions rejoint sans encombre l’hôtel, localisé à Armbouts Cappel situé à douze kilomètres de Dunkerque, afin d‘y déposer rapidement les bagages et de régler les formalités d‘inscription. Nous étions repartis « sur les chapeaux de roues » à l’exploration de la plage de Dunkerque.

jeudi 10 mars 2011

FLANERIE A BEUVRON-EN-AUGE (10)

Sur le chemin du retour, on se souvint du mariage. Après un rapide coup d’œil à sa montre, mon mari m’annonça que le curé était certainement en train de célébrer la messe. Arrivés dans le village, consécutivement à nos efforts physiques, Jacques et moi mourrions de soif alors nous effectuions une halte à « La Colomb’auge ». On savourait un grand verre de cidre local bien frais. Puis notre couple se hâtait de rejoindre l’église. Mais le clou de la journée fut le mariage se déroulant dans l'église Saint-Martin datant du XVIIème siècle. L’allée devant la maison de Dieu était bordée de feuillages bien verts et chaque côté de la porte du lieu de culte présentait un ornement composé de roses. Les nombreux invités issus du milieu bourgeois ne tenaient pas tous dans la maison de Dieu. L’intérieur de l‘église, décoré de milliers de roses blanches jusqu’à l‘autel, symbolisait la virginité conservée jusqu’au sacrement du mariage devant Dieu et les hommes. Des chants à transporter les âmes, interprétés par deux solistes et une chorale d’enfants accompagnés par l’organiste de la paroisse, résonnaient merveilleusement grâce à l’acoustique de l’église, intercalés par des moments de prières et de lectures bibliques.


Au terme d’une heure de liturgie, les nouveaux mariés propriétaires d’un haras étaient les derniers à sortir. La jeune femme souriante revêtait une robe blanche sobre parée d’un voile d’une longueur considérable tenu par cinq enfants d’honneur, le jeune homme portait un costume bleu marine dont la veste recouvrait une chemise blanche. Une rose blanche agrémentait sa boutonnière avec élégance. Il semblait ému, ses beaux yeux bleus paraissaient humides. De la beauté de ces deux êtres émanait une certaine gentillesse.


Tous deux marchaient lentement se tenant par la main et puis ils se séparèrent pour se diriger chacun vers une cage blanche dans laquelle une sublime colombe blanche attendait patiemment de prendre son envol. Les jeunes mariés ouvrirent leur porte respective mais celle de l’époux a tardé à s’envoler !


Parallèlement une autre personne ouvrit une cage plus importante un peu plus loin et une nuée d’une trentaine de ces messagères immaculées volèrent au-dessus de nos têtes. Quel spectacle extraordinaire !


Enfin le nouveau couple s’orienta vers une calèche fleurie, monta sur les sièges de devant et le mari prit les rênes. Une Rolls Royce les suivait ! Puis ils s’évanouirent escortés de leurs invités. Quel mariage exceptionnel ! Plusieurs villageois participaient à l’évènement dans un grand bonheur ! Nous quittions Beuvron-en-Auge vers 19H10 empreints d’enchantement et charmés par l’authenticité de ce village qui ne manquait pas de toucher le visiteur. Jacques et moi rentrions à la « Fourmilière » nous sentant recrus de fatigue mais pensant déjà à notre nouvelle escapade du lendemain !

FLANERIE A BEUVRON-EN-AUGE (9)

Après un temps de pause, le plateau de fromages fit son apparition. Je me montrais raisonnable et sélectionnais un morceau de livarot typique du pays d’Auge fromage de vache de couleur orangée, cerclé de cinq bandelettes. Il délivrait une saveur puissante, un goût un peu fumé, salé et relevé. Sa pâte ferme fondait en bouche. La portion de fromage de chèvre était onctueuse et délicatement salée.


Nous nous acheminions vers le dessert et j’avais jeté mon dévolu sur la « Tarte fine aux prunes reines-claudes en crumble, glace au miel ». Cette pâtisserie faisait preuve d’innovation escortée d’une glace d’un parfum peu usité. Le mélange chaud-froid sollicitant les papilles agréablement et le mariage du croustillant avec la douceur apportait une touche gustative plaisante. Le café accompagné de ses petits fours clôturait ce déjeuner ne méritant pas une étoile.


A 15H, nous quittions cet environnement d’autrefois et nous rendions au café « La Colomb’auge » déguster un express. Notre couple allait jeter un œil à l’exposition de bijoux en verre de « Murano ». Puis on s’engageait à pied sur la route pour atteindre le promontoire de la chapelle Saint-Michel située à Clermont distant de 3,6 kilomètres de notre point de départ.


Jacques et moi passions devant des exploitations aux herbages plantés de pommiers au milieu desquels des animaux de ferme et de basse cour respiraient le bonheur et la fraicheur. Au bout d’un moment, nous nous enfoncions dans les bois et marchions en quête de Dieu


sur ce chemin de croix bravant les obstacles, ayant perdu la notion du temps et de la direction, on marchait en sentant la présence de notre Père céleste et enfin la divine récompense !


Cette chapelle nous offrant un panorama d’une beauté exceptionnelle. Puis ce contraste entre l’immensité du site et la modestie de l’église Saint-Michel s’avérait très impressionnant. Nous abandonnions la maison de Dieu en laissant notre empreinte sur son livre d’or.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (8)

Dans cette ambiance intime et chaleureuse nous allions à la conquête de la cuisine du quadragénaire chef Jérôme Bansard, confortablement installés sur des chaises de style tendues de velours rouge. Pour parfaire cette décoration notre table était habillée d’une nappe rose pâle, parée d’une lampe plutôt moderne enchâssée dans un support en verre au goût de l’époque. Les couverts en argent montraient un certain martellement dû à l’usure du temps. Un serveur s’approcha de notre table pour prendre notre commande, le menu intermédiaire nous avait séduit. Un autre membre de la brigade vint nous demander si nous avions fait notre choix en boissons, nous avions privilégié un cidre fermier fabriqué à l’ancienne par un récoltant producteur du village. Un serveur nous présenta la première mise-en-bouche composée de sablés au fromage agrémentés d’une sauce au yaourt battu et de concombre, ce mariage manquait d’inventivité. Puis s’ensuivit une seconde alliant une salade de poireaux avec ses petites tiges à du saumon mariné laissait une agréable sensation de fraîcheur en bouche. Pendant le temps d’attente entre le deuxième amuse-bouche et l’entrée, j’observais la clientèle peu nombreuse à cette heure là. Etonnant de trouver un restaurant étoilé dans une bourgade de 226 âmes ! Un membre de la brigade nous présenta du pain aux pommes.


Puis « La dodine de caille au foie gras, pickles et gelée » nous fut apportés. Cette entrée, d’une certaine innovation, créât un effet de surprise car ce mets se révélait froid. Le foie gras bien disposé au milieu de la caille était rehaussé par le goût du gibier à plumes accompagné de choux-fleurs, carottes, champignons et courgettes ayant mariné dans du vinaigre au préalable relevant l’ensemble. Notre palais ne vivait pas un grand moment culinaire ! Il était 13H10, la salle commençait à se remplir. Jacques et moi bavardions gentiment de notre programme du lendemain en patientant le plat. Un certain moment s’écoula et un serveur nous avança une assiette transparente et noire d’une forme très sophistiquée garnie d’une escalope de cabillaud poêlée et de cocos de Paimpol à l’andouille de Vire. Cette composition se révélait assez heureuse mais ce n’était pas un plat à se rouler par terre comme aurait dit Jean-Luc Petitrenaud, critique gastronomique, animateur de radio et de télévision présentant de nombreuses émissions gastronomiques et culinaires. Entre autres, « Carte postale gourmande » sur France 3, « Les escapades de Petitrenaud » sur France 5 et « Les bonnes adresses » sur Europe 1.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (7)

Jacques et moi les contemplions encore un moment avant de nous diriger vers l’office du tourisme en quête d’informations sur les lieux à voir absolument. L’heure de déjeuner se révélait imminente et nous nous rapprochions du restaurant une étoile « Le pavé d’Auge ».


Situé dans les anciennes halles sur la place du village, cet établissement dont l’architecture était à colombages enfermait un intérieur rustique. Le charme était créé par les cuivres suspendus aux piliers en bois d’essence ancienne, les superbes poutres en matière noble agrémentées de petites lampes discrètes entre elles,


un escalier en bois massif en colimaçon conduisant au premier étage où s’avéraient disposées d’autres tables et un certain raffinement ressortait de la présentation générale de la salle. Des gravures représentant le village autrefois encadrées accrochées au mur, une petite vitrine murale renfermant quelques objets de collection, des rideaux dont le motif à grosses fleurs rouges et feuillages verts s’harmonisait bien avec la rusticité du cadre étaient retenus par une embrasse et laissaient apparaître une fenêtre constituée de petits carreaux soufflés d‘une couleur ambrée en dégradés. Sur un buffet ancien, le rappel de la petite note bucolique par la présence de deux vases arborant un bouquet de tulipes multicolores et quelques petits pots de plantes vivaces.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (6)

Autour de cette place, quelques boutiques d’antiquaires dotées de grandes vitres transparentes se faisaient concurrence, un modeste atelier de peintre et celui très simple d’un aquarelliste tenaient place. En poursuivant notre balade, nous rencontrions une petite boutique de foulards aux teintes diverses et chatoyantes fournissant aussi des chapeaux aux formes originales et des parapluies tout à fait ordinaires


puis notre regard fut accroché par une imposante maison à colombages possédant un bow-window typiquement britannique, parée de sculptures sur ses boiseries et aux fenêtres joliment fleuries. La petite épicerie « Bienvenue chez sweet Auge » vendant des produits locaux nous rappelait les boutiques de notre jeunesse. Puis surgit le sosie du célèbre judoka David Douillet connu aussi pour son association avec Bernadette Chirac dans l'opération caritative « Les Pièces Jaunes » et son élection comme conseiller régional pour le département des Yvelines sur la liste UMP de Valérie Pécresse. Au cours de notre douce flânerie, une pancarte nous intrigua « fête du porc avec repas champêtre ».


Nous suivions la flèche et atterrissions devant un champ dans lequel deux truies allaitaient leurs petits. D’une belle couleur blanche parsemée de taches noires, ces femelles s’avéraient de la race de Bayeux dont l’origine vient de Bessin dans le Calvados. Le fermier avoua à une personne que l’une des truies allaitait les porcelets d’une autre vraisemblablement morte. Quand il sépara la femelle des petits, ils grognaient, sans doute manifestaient-ils leur mécontentement d’être retirés de leur source de sustentation et de plaisir à la fois !

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (5)

Subséquemment à cette halte nous rappelant notre propre sacrement datant déjà de seize ans, les méandres de la vie et malgré tout l’indéfectible présence de Dieu au quotidien nous soutenant dans notre combat existentiel, Jacques et moi nous arrêtâmes devant une vitrine de pâtisserie exposant des spécialités locales comme la teurgoule signifiant en patois « se tordre la gueule ». Ce délicieux dessert se compose de riz, de cannelle, de sucre et de lait entier. Autres gourmandises le fondant normand aux pommes et enfin un gâteau typique de l’endroit le « Beuvron ». Une crêpe enveloppant une sorte de Chantilly parfumée au Calvados sur une fine génoise, le tout agrémenté de pommes fondues, cuites en compote avec morceaux. Nous avions réussi à résister à la tentation.


Les trottoirs pavés ajoutaient au cadre une note antique.


Sur la place, un chat avait élu domicile sur un banc. Il dormait, chauffé par les rayons du soleil, absent au monde extérieur.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (4)


Nous passions devant une échoppe d’un autre âge proposant des articles de brocante et d’antiquités, une petite boutique de cidre fabriqué à l’ancienne et disposant de fromages du coin, un petit magasin de tripes régionales reconnues comme les meilleures de France, un ancien lavoir couvert mais malheureusement pollué croisait notre route et des compositions florales d’une réelle perfection égayaient le cadre.


En passant devant l’église datant du XVIIème siècle, on constatait une certaine effervescence et les bancs s’avéraient décorés de roses blanches ainsi que l‘autel. Mon mari et moi entrions pour connaître la raison de cette sublime décoration. Un mariage devait être célébré dans l’après-midi. Le soleil tapait dans les vitraux aux couleurs vives et intenses et un parfum subtil et délicat exhalait de cet arrangement floral. On avait poussé le détail jusqu’à refaire une beauté au cimetière.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (3)


Le paysage nous dévoilait progressivement des maisons à colombages et une belle église romane. Après maints virages en enfilade, apparaissait enfin le fameux village ! Sous un soleil radieux, notre premier regard se portait sur un groupe de touristes japonais consommant à mi-matinée la boisson locale, le cidre obtenu à partir de la fermentation du jus de pomme .produit sur place. Une multitude d’asiatiques découvraient cette bourgade classée parmi les cents plus beaux villages de France, très fleurie à l’âme d’antan, recommandée dans tous les guides touristiques.


Comme à l’accoutumée, Jacques et moi dégustions un express au célèbre « café du coiffeur » où il est notifié, détail amusant, qu’« on peut apporter son manger ». Coutume en perdition hélas ! Nous goûtions la tranquillité de ce petit bistrot de village. Notre couple abandonnait cet endroit plein de charme pour déambuler dans cet environnement d’une autre époque.

FLANERIE A BEUVRON-SUR-AUGE (2)


Notre couple traversait Vernon, ville euroise célèbre par son vieux moulin sur le pont dont le toit, ce jour là, servait de refuge aux pigeons. Sur l’eau, voguaient quelques jolis bateaux d’une couleur virginale et surtout ce qui attiraient l’œil les anciennes maisons à colombages nous reportant à une autre époque. Sur la route, défilaient quelques châteaux non dénués d’intérêt et puis quelques joggeurs accompagnés de leur chien couraient le long de la chaussée. Jacques et moi quittions ces adorables petites campagnes pour rejoindre l’autoroute. J’enclenchais la cassette des « chants de l’extase » de Hildegarde Von Bingen afin de nous transporter dans un monde de sérénité et de paix intérieure pour puiser un profond ressourcement. Un ciel d’azur nous accompagnait dans notre parcours vers la vénusté. Au bout de quelques temps, mon conjoint et moi sortions de l’autoroute pour reconquérir le charme des routes pénétrant dans les agréables petites villes de province. Nous constations beaucoup de circulation mais l’événement sollicitait les curieux et les intellectuels sur cette route en direction de Honfleur ! Notre trajet se poursuivait sur la route du cidre menant au pays d‘Auge.

FLANERIE A BEUVRON-EN-AUGE (9 mars 2011)

Pour les journées du Patrimoine 2010, Jacques et moi avions jeté notre dévolu sur la visite d’un village classé parmi les cents plus beaux de France Beuvron-en-Auge. Cette petite bourgade abritant 226 gentilés se situait dans le département du Calvados à 160 kilomètres de notre charmante « Fourmilière ». Ce samedi matin 18 septembre, je me levais à 7H afin de préparer le petit déjeuner, de sustenter la ménagerie et de me préparer. Nous quittions notre humble demeure, le soleil s’avérait timide et cherchait à percer. Un joli écureuil bien roux traversa la route. Par endroits, un brouillard automnal se montrait. Au fur et à mesure que les kilomètres défilaient, on découvrait de nouveaux villages. Je pensais à ma maman enfermée dans sa solitude, n’ayant pas la chance de pouvoir s’évader. Je portais une tenue assez seyante pour déjeuner dans le restaurant étoilé plus tard dans la matinée. J’appréciais de visiter ce qui fait la richesse de notre pays.

mardi 1 mars 2011

IMMERSION CISTERCIENNE (18)

Enfin le jardin des marais nous procurait une baguenauderie romantique. Ici coulait l’ancien bras de rivière de l’Authie traversant la propriété.


Dans une ambiance sauvage et humide, Jacques et moi croisions saules, aulnes, peupliers, bambous et une multitude d’espèces d’oiseaux. Puis nous nous arrêtâmes devant une petite pancarte sur laquelle figurait l’histoire suivante : « certains crapauds secrètent des toxines hallucinogènes qui expliqueraient l’apparition des princes charmants lorsqu’on les embrasse ». Après cette délicieuse balade, mon époux et moi aspirions à nous reposer un peu et à nous rafraîchir. Jacques et moi faisions une halte à « la table du jardinier » dans les jardins de Valloires où nous consommions deux express et réalisions quelques achats à la boutique. Avant de quitter ce noble et grandiose endroit dans une sérénité religieuse, nous jetions un dernier coup d’œil en direction du bâtiment de l’abbaye et de la tour ronde de son pigeonnier vers 19H. Dans la voiture, je mettais une musique circonstancielle « Les chants de l’extase » de Hildegarde Von Bingen. Nous roulions tranquillement et apercevions dans le ciel parsemé de légers nuages, un ballon dirigeable. On arrivait, le jour s’était déjà couché.

IMMERSION CISTERCIENNE (17)

Puis nous pénétrions dans le domaine des fragrances les plus merveilleuses qu‘une petite brise légère faisait exhaler car les roses écloses s’avéraient abondantes et éclatantes. Disposés en carrés, 2000 rosiers côtoyaient des légumes décoratifs et des « simples » (potagers) que cultivaient les moines à des fins médicinales.


La rose « Jacques-Cartier » à fleurs en rosette à quartiers en panicule multicolore roses, blanches, se révélait l’une des plus parfumées.


La petite « rose de Valloires » à fleurs en rosette en cyme roses s‘harmonisait bien avec l‘ensemble.


La « rose des cisterciens » est née en 1998 à l’occasion du neuvième centenaire de l’ordre de Cîteaux. Fleurs en panicule multicolores (roses, blanches, jaunes) d’un parfum subtil.


A été créée en 2004, « The Rose of Picardy » à fleurs en cyme fuchsia, légèrement parfumées. Elle est un joli symbole de paix, témoin d'une histoire commune entre la France et l'Angleterre, mais aussi le titre d'une chanson qui a fait et fait encore la fierté de la Picardie.


Mon conjoint s’immobilisait sur la rose ancienne « Stanwell perpetual » à fleurs de grande taille, semi-doubles, aplaties, de couleur rose nacre fleurant un puissant parfum. Un véritable ravissement pour nos sens visuel et olfactif.

IMMERSION CISTERCIENNE (16)

Originaire de Picardie, le botaniste Jean-Baptiste Lamarck, (1744-1829), fut le premier à esquisser une théorie de l’évolution des êtres vivants, liée aux variations du milieu naturel sur le comportement. Consacré à l’évolution des espèces, ce jardin de 3000m2 abritait des plantes archaïques tels que des


fougères, des magnolias, etc., et très évoluées comme des pâquerettes, des marguerites, etc.. Le paysagiste Gilles Clément contait ainsi l’histoire du monde végétal depuis son apparition sur terre jusqu’à aujourd’hui.
Les jardins de Valloires nous réservaient encore bien des surprises. On s’engageait dans l’exploration du jardin des cinq sens. Ses végétaux réveillant notre goût un peu endormi par les plats tout préparés actuels manquant de saveur, le plaisir de redécouvrir le vrai parfum de la fraise, de la pomme, etc.. Les bourgeons poisseux des marronniers attisaient notre toucher.


Les feuilles bruissantes du tremble faisaient appel à la sensibilité de notre ouïe , le pétunia aux coloris variés sollicitait l’acuité de notre vue et pour clore cet exercice si singulier


le jasmin, le lis, la menthe et tant d’autres nous offraient leur arôme développant notre odorat. Comme la fondation était placée sous le signe de l’enfance, de nombreux ateliers étaient à leur disposition.

IMMERSION CISTERCIENNE (15)


On passait à l’île des feuillages pourpres renfermant « l‘arbre à perruque », s’ensuivait la chambre d’automne tapissée d’érables, de charmes et d’autres espèces et l’île des épines douces nous offrant une étonnante collection de ronces, mûres et framboises.
L’île des papillons mêlant acacias, buddleias et quelques fabacées séduisaient aussi les abeilles. Dans l’île des fruits décoratifs, Jacques et moi souffrions le supplice de Tantale. Nous devions résister aux tentations, certains fruits se révélant toxiques !



Pour finir le « bizarretum » rassemblait des plantes aux formes tourmentées comme le hêtre tortillard.
Originaire de Picardie, le botaniste Jean-Baptiste Lamarck, (1744-1829), fut le premier à esquisser une théorie de l’évolution des êtres vivants, liée aux variations du milieu naturel sur le comportement.
Mon époux et moi abandonnions le jardin des îles pour nous rapprocher de l’espace Lamarck.

IMMERSION CISTERCIENNE (14)

Dans l’île d’hiver, érables et bouleaux déclinaient de subtiles harmonies. L’île d’or abritait le sureau panaché et le noisetier corylus.


L’île d’ombre réunissait des plantes craignant le soleil, comme le mûrier pleureur. Près de l’île des lilas aux multiples couleurs et à fleurs doubles, la chambre des cerisiers regroupait les prunus, les merisiers et les cerisiers dont les parfums nous enivraient. L’île d’argent de laquelle ressortaient les feuillages gris ou cendrés voisinait avec


l’île des viornes aux fleurs virginales et pubescentes.



Puis nous parcourions l’île des deutzias et spirées où teintes rouges ou dorées cohabitaient.