mercredi 20 avril 2011

UN CHEMIN VERS DIEU (7)

A 12H50, je sortais de la chapelle imprégnée d’une grande sérénité et me dirigeais vers le grand réfectoire un peu trop solennel à mon goût. Un ouvrier extérieur à la communauté déjeunait avec nous. Le père prieur bénissait le repas puis lut un passage de la charité dans le service apostolique. Les moines questionnaient l’employé sur son métier, il racontait son travail de poseur de tapis, à genoux, seul et dans le silence comme les moines. Cet artisan semblait à l’aise et riait aux plaisanteries des frères. Nous mangions dans une ambiance plutôt décontractée. Un moment donné, un religieux me passa le pot de moutarde. Je l’attrapais par le couvercle, le pot tomba et cassa l’assiette. Le frère me sourit mais je me sentais gênée. Aussitôt frère Innocent remplaça mon assiette en en transvasant le contenu et fit un peu de ménage. Je le remerciais en lui souriant afin de ne pas briser la règle du silence. Puis la conversation dévia sur la religion. Le père prieur mentionna le père Guy Gilbert (En 1970 exerce son activité de prêtre dans la rue et devient éducateur spécialisé pour les jeunes délinquants dans le 19ème arrondissement de Paris. En 1979, Guy Gilbert achète une ferme à la Palud-sur-Verdon dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, « une ruine loin de Paris », pour y installer un lieu d'accueil, la « Bergerie de Faucon » où, avec une équipe d'éducateurs, il tente de réinsérer des jeunes en difficulté, par le travail et le lien avec les animaux.) et un des moines avoua que sa vie au monastère s’avérait consécutive à une rencontre avec le père Guy Gilbert à une période difficile de sa vie. Sans ce partage, il aurait sans doute mal tourné. Un frère récitait le bénédicité. Je débarrassais la table, la nettoyais et balayais le sol. Je remettais à frère Côme Emmanuel le récit de ma conversion. Je remontais à « Montjoie » et reprenais la narration de ma journée. J’entendais taper à la porte. J’allais ouvrir et une moniale apparut. Elle avait accepté de me rencontrer. Nous passions dans la chapelle de « Montjoie » réciter un Ave et partions nous promener au soleil. Je lui demandais de me décrire une journée type des religieuses. Elles se levaient à 5H afin d’être prêtes pour les laudes à 5H30. Les autres offices s’avéraient pratiqués aux mêmes heures que les moines. Les moniales passaient beaucoup de temps à l’étude des textes sacrés. A tour de rôle, elles préparaient les repas. Les sœurs fabriquaient des produits artisanaux dont les revenus subvenaient aux besoins de la communauté tandis que les frères vivaient de dons. Elles se couchaient après les complies. Je lui racontais ma vie, ma conversion, mon mariage religieux et mes différentes retraites. Elle m’expliquait que Dieu m’avait unie à Jacques pour l’amener à lui. Que j’avais cette mission sur terre à remplir. Cette moniale me donnait de précieux conseils à mettre en pratique sur le champ. Cette entrevue durait 45 minutes dans un climat de confiance absolue et de compréhension mutuelle. Je la laissais à son couvent et retournais à « Montjoie » écrire mon journal intime et poursuivre ma lecture de Bernard Martelet. A 17H30, j’abandonnais « Montjoie » pour rejoindre le prieuré. Je croisais frère Côme Emmanuel et sollicitais un entretien. Il me répondit après le dîner. Je m’asseyais sur un banc, méditais quelques instants et atteignais la chapelle pour m’élever l’âme jusqu’à Jésus afin qu’il me façonne à son image. Je lui demandais de me soumettre à sa volonté moi son humble servante, qu’il me soit fait selon sa parole. De vivre en tant que sa messagère ici bas si tel était son plan pour moi. A 18H30, les vêpres débutaient. Comme pour les autres offices, je chantais avec ferveur les cantiques. Mon âme chantait par la liturgie. Le temps s’était immobilisé. A 19H, le Saint Sacrement était exposé. Je plongeais dans une phase d’adoration durant laquelle je ne cessais de louer Dieu. A 19H15, le dîner s’avérait en self. Chacun se servait et effectuait sa petite vaisselle. Après le repas, j’attendais dans l’espace où le silence est de rigueur frère Côme Emmanuel pour notre rencontre. Au bout d’une quinzaine de minutes, il vint me chercher et me fit entrer dans un parloir assez intime doté d’une double porte. Nous nous installions confortablement et je commençais la lecture de ma conversion. Le frère se révélait très ému et me demanda ce que frère Innocent en avait pensé. Je lui racontais les observations du moine et il ajouta que frère Innocent avait raison. Frère Côme Emmanuel écouta avec attention mon texte s‘intitulant « Musique céleste » et il fut transporté dans un autre monde. Ce moine me dit que ma composition était très belle et qu’elle lui rappelait des saints, notamment Saint-Jérôme (est le plus souvent accompagné d'un lion. Il est également presque toujours : soit entouré de livres ou en train d'écrire.). Le religieux me demanda si il pouvait conserver le texte car il lui serait utile et je le lui remettais avec grand plaisir. Nous retournions prier à l’heure sainte pour les dix minutes restantes et chantions le Salve Regina avant de partir nous coucher. Je remontais à « Montjoie » et m’attelais à ma table pour achever le récit de ma journée.

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