mercredi 20 avril 2011

UN CHEMIN VERS DIEU (4)

Après ce partage de 45 minutes, frère Innocent allait sonner la cloche pour sexte (office des quatre petites heures célébré vers 12H). Je rejoignais la chapelle, trempais mon doigt dans l’impressionnant bénitier avant d’entrer. Je saisissais le recueil de chants et le livre de messe et suivais consciencieusement l’hymne et les psaumes. Les chants des frères envahissaient la chapelle et m’ascensionnaient déjà à la droite du Père, je goûtais un moment de béatitude. S’ensuivit la messe servie par frère Innocent aidé de deux autres moines pour les lectures. Quelques laïcs y assistaient ainsi que des moniales. Deux religieux distribuaient l’eucharistie et posaient l’hostie consacrée sur la langue de chaque enfant de Dieu. Je recevais, comme à l’accoutumée, avec émotion le corps du Christ m’imaginant fusionner avec lui avec une telle intensité ! Et la liturgie poursuivait son cours jusqu’à 12H45. Je restais encore quelques instants contempler la vierge à l’enfant en me remémorant le texte de Paul Claudel « La vierge à midi ».
Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,
Parce que vous m'avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu'elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu'à l'heure où tout craquait, c'est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Puis il était 13H, l’heure du repas du milieu du jour. Je mangeais exceptionnellement toute seule dans le petit réfectoire car les moines avaient organisé un déjeuner débat sur le film « Des hommes et des dieux ». La nourriture s’avérait plutôt copieuse mais je me débattais avec le four à micro ondes d’une utilisation un peu particulière. Quand je vis le frère Innocent passer dans le couloir, je lui fis signe de venir me voir pour m’expliquer le fonctionnement du four. Je lui dis en plaisantant « votre four ne m’aime pas ». Il mit un certain temps avant de le mettre en marche et comme j’avais programmé trop longtemps, le plat a éclaboussé tout l’intérieur de cette maudite machine ! Pour réchauffer les légumes, je me suis excitée sur le four, frère Innocent est venu à ma rescousse et finalement j’ai avalé mes petits pois à peine tièdes. Avant la fin du repas, le père prieur passait me voir et me sortit « on vous a abandonné lâchement » puis il s’enquérait si ma retraite se déroulait bien. On sentait un homme issu d’un milieu bourgeois, cultivé et empreint de Dieu. Après m’être sustentée, je jetais à la poubelle les déchets alimentaires, je débarrassais la table, j’effectuais la vaisselle, je l’essuyais, la rangeais et préparais les tables pour le diner. Je remontais dans mon lieu de retraite et ouvrais mon carnet pour y consigner la suite de mon programme; Je reprenais ma passionnante lecture sur « L’itinéraire spirituel de Dom Chautard » dans l’attente de l’Adoration se déroulant à 18H. Depuis la veille, j’avais l’impression que le temps avait suspendu son vol. Je quittais « Montjoie » à 17H15 et parvenais à « Notre Dame de Cana » à 17H25. Je pénétrais dans la chapelle en ayant trempé mon doigt dans l’amphore au préalable. Je portais dans mes prières mes chers défunts et demandais à Dieu de me réconcilier avec ma mère adoptive envolée dans sa demeure céleste depuis 2003, de conserver en bonne santé ma maman rumillienne, de changer le cœur du fils de mes voisins avant leur départ dans l’autre monde et de protéger mon petit psychiatre sur son parcours en direction de Nancy ville du département de la Meurthe-et-Moselle. J’attrapais le recueil des chants de la communauté afin d’y lire des textes et me laissais porter par leurs messages. Au terme de quelques lectures, j’entrais en communion avec Dieu et mon âme jubilait en mon Dieu. J’avais atteint l’extase mystique !

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