jeudi 21 avril 2011

PLONGEE DANS L'UNIVERS DES CHARTREUX (6)

Nous décidions de retourner à Montreuil-sur-Mer pour consommer un dernier café avant de rentrer. Arrivés dans la ville montreuilloise, on était intrigué par une grande tente sur la place du marché. Beaucoup de bruit y filtrait. D’un commun accord, mon mari et moi pénétrions à l’intérieur et pouvions voir de nombreux spectateurs regarder des personnes participer à un concours de jeu de quilles dont les règles du jeu sont les suivantes :
Le jeu de quille se pratique dans un espace déterminé et conçu à cet effet : le quillier.
Au bout du pas de tir, il y a, au sol, un carré de béton dans lequel ont été coulés neuf plots en fer qui servent à poser les neuf quilles (en bois).
Chaque quille a un emplacement particulier, numéroté. Mais toutes ont la même valeur : 1point.
A partir d’une marque sur le sol (« la dache ») sur le pas de tir (à 6 m environ du carré), le joueur lance une boule en bois (« le boule ») de 8 à12 kilos en espérant faire tomber le maximum de quilles. Après chaque lancer, on relève les quilles.
Une personne note les points au fur et à mesure. Le nombre de lancers est lui aussi réglementé ; en concours de quadrettes (équipe composée de 4 personnes s’opposant dans les concours collectifs) chaque joueur fait 3 lancers d’affilés à 2 reprises.
Il y a toujours trois types d’acteurs dans le jeu :
- le joueur individuel ou en équipe (le plus souvent 2 équipes qui s’opposent),
- le releveur de quilles,
- la personne qui note les points.
Au moment du lancer de la boule, que ce soit pour son équipe ou pour les adversaires, même le silence est perceptible. C’est cela les quilles !
Un joueur est au milieu du pas de tir, il vient de lancer, le bruit lourd de la boule rebondissant sur le sol résonne, s’ensuit le bruit plus sec des quilles qui s’entrechoquent en tombant, il regarde les quilles et fait une grimace ; il le savait déjà au moment où il a lâché « le boule » : le lancer n’était pas bon. Quatre quilles seulement sont tombées. Les « requilleurs » les ont déjà remises en place et le marqueur a noté sur la feuille le résultat du lancer. Cela pourrait faire perdre son équipe ! « Le boule » est déjà revenu en glissant sur le « relance boule » jusqu’à lui. Il pose son pied sur la dache, avance d’un pas et, d’un geste sûr, il envoie à nouveau la boule vers les quilles. Puis retentissent des éclats de voix.



Nous abandonnions cette ambiance animée pour rejoindre le café « Le Vauban » où certains participants du concours du jeu de quilles fidèles à la coutume du nord de la France buvaient, rebuvaient et rebuvaient encore de la bière en famille. Les gens étaient bruyants. Ils parlaient du concours et des coups malheureusement ratés. Ces montreuillois semblaient d’un milieu assez défavorisé et faisaient un peu peine à voir. On délaissait cette atmosphère typique pas-de-calaisienne et rentrait par des chemins de pluie dans un soir cheminant. La route s’avérait encore longue, 147 kilomètres à parcourir dans des conditions déplorables mais notre couple avait vécu des moments vraiment exceptionnels. Pendant le trajet, des images fortes de La Chartreuse défilaient dans notre tête prenant le pas sur le paysage au ciel bien bas et lourd ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire