jeudi 21 avril 2011

LE MONDE DE FEU GEORGES GARVARENTZ (4)



Ce château, de style renaissance, classé monument historique, est aussi appelé le « Versailles Normand ». De la forteresse élevée au XIIIème siècle, il ne subsiste qu’une motte couverte d’un labyrinthe végétal qui matérialise l’emplacement d’une ancienne tour talutée.
Sur les façades, c’est la ligne verticale, soulignée notamment par la hauteur des baies et des cheminées, qui domine. La décoration est assez chargée : chaque baie, chaque fenêtre, chaque lucarne est surmontée d’un fronton cintré ou triangulaire dont le centre est occupé par un mascaron inspiré des masques de la Commedia dell’arte. On note l’association de trois couleurs : le bleu de l’ardoise, symbole du ciel, le blanc de la pierre, couleur royale, et le rouge de la brique, couleur des empereurs romains.
Le grand escalier d’honneur est entièrement logé dans l’avant-corps. Au niveau inférieur du corps de logis, qui abrite un musée de la reliure exposant des œuvres très anciennes essentiellement religieuses, se trouvent :
Une pièce de rangement dans laquelle on entreposait notamment les bûches et le vin à servir le jour-même ainsi que la cuisine avec sa cheminée monumentale, à l’intérieur de laquelle les cuisiniers pouvaient circuler. Etonnamment un puits apparaissait à l’intérieur où les occupants de la demeure puisaient de l’eau. Une sorte de banc en pierre construit dans le renfoncement des fenêtres permettait de profiter de la lumière naturelle pour effectuer des travaux de couture. Cette salle est directement reliée au premier étage par un escalier de service.
Au second niveau, on découvre successivement :
La bibliothèque dans laquelle on conserve un impressionnant extrait des minutes de l’interrogatoire de Ravaillac, exposé dans une vitrine par ailleurs un beau tableau représentant Marie de Médicis (le grand-père de l’épouse du premier propriétaire fut un de ses ministres) ornemente un mur. Au-dessus de ce tableau, la devise des Montmorency y est affichée. Le carrelage rouge reprenant les différents emblèmes de cette famille (l’aigle, le lion, le trèfle à quatre feuilles au milieu d’une branche de laurier et la croix des Croisés) égaye la pièce.
Le Grand Salon en partie Louis XV, avec, au centre, des sièges recouverts de tissus aux motifs de fables de La Fontaine et de personnages exotiques et, le long des murs, des sièges cannés. Un paravent à quatre pans protégeait des courants d’air la personne installée sur le lit de repos, meuble confortable souvent utilisé pour la conversation. Des lambris, sculptés dans les parties supérieures, agrémentent les quatre murs et le tapis recouvre une grande partie du parquet. La partie centrale au plafond, peinte en bleu, est encadrée par un bandeau d’ornement.
La salle à manger dont le sol carrelé aussi aux armes des Montmorency ajoute une touche plus gaie à la pièce. Les tapisseries et la cheminée ont été apportées au décor bien plus tard.
Les appartements de Madame, dont une chambre dans laquelle on reconnaît un portrait d’Henriette de France, reine d’Angleterre. Le secrétaire trônant dans la pièce était équipé d’un dispositif d’ouverture ingénieux : l’ouverture du cylindre déclenchait le déplacement de la tablette et le retrait de celle-ci commandait la fermeture du cylindre quant au décor un dessus de porte est agrémenté de brins de muguet.
Et enfin un petit bureau.
Le domaine de 80 hectares comprend également :
A l’est, un parc traversé par une longue allée dans le prolongement du château, bordée symétriquement par des carrés de pelouse et, au-delà, par une zone boisée, au nord, des jardins à la française parsemés de statues. Une vaste pièce d’eau entourant complètement le château et la motte féodale qui s’y reflètent, ces sortes de douves sont agrémentées de jets d’eau. A l’ouest, des communs et une ferme situés de part et d’autre de l’allée qui mène du portail à la cour d’honneur.
Après cette délicieuse visite du « Versailles Normand », Jacques et moi reprenions la route. Notre trajet comportait 102 kilomètres jusqu’à notre village isarien. Nous tressaillions de joie consécutivement à ces deux évasions insolites et plaisantes. On arrivait à la « Fourmilière », la vaste étoile incandescente nous avait déjà souhaités « bonne nuit ».

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