jeudi 21 avril 2011

PLONGEE DANS L'UNIVERS DES CHARTREUX (4)

Au terme de dix minutes de route, Jacques et moi parvenions à La Chartreuse.


. A l’intérieur d’une grande cour verdoyante, surgissait un imposant édifice. Une jeune guide allait nous en raconter son histoire. La Chartreuse de Neuville sous Montreuil qui se détache sur le coteau face aux remparts de Montreuil, est fondée en 1323 par Robert VII, Comte de Boulogne et d'Auvergne. Au cours de son histoire, le monastère connaît bien des vicissitudes. Il est plusieurs fois saccagé. Le 31 mars 1870, la Chartreuse et la ferme de la basse cour sont cédés aux Chartreux. Ce n'est qu'en 1872 que les travaux de reconstruction débutent sous la direction de Clovis Normand.
L'Église est de nouveau consacrée le 19 octobre 1875 et la clôture est alors rétablie.
Les moines reconstruisent entièrement les bâtiments. Ils y demeurent jusqu'a l'application des lois d'exception de la IIIème République, séparation de l'église et de l'état.
Le 1er octobre 1901, contraints et forcés, les Chartreux s'exilent à la Chartreuse de Parkminster en Angleterre.
Le Monastère est transformé en Hôpital et Clémenceau l'inaugure le 10 novembre 1907. L'Hôpital civil, puis militaire, devient un asile psychiatrique après la deuxième guerre mondiale. En septembre 1990, la commission régionale des institutions sociales et médico-sociales, envisage l'abandon du secteur hospitalier de cet établissement.
Le 28 janvier 1997, l'acte d'acquisition de la Chartreuse de Neuville est signé entre le Centre Hospitalier et l'Association des Corbières, support juridique et financier de plusieurs monastères de Bethléem en France. Règles de vie de cet ordre monastique : les moines de Bethléem prient, travaillent, étudient, mangent et dorment en cellule. A son lever, dans le silence et la solitude de son ermitage, alors qu’il fait encore nuit, le moine ou la moniale célèbre l’office de l’attente pour monter la garde dans la veille du retour de l’Époux qui vient au milieu de la nuit. Après à l’église du monastère, les religieux se rassemblent pour les matines (au milieu de la nuit) suivies des laudes, office chanté, le principal de la journée. A 9h, dans la solitude de la cellule, le frère célèbre tierce qui commémore l’achèvement du mystère pascal pleinement réalisé par l’effusion du Feu de l’Esprit Saint. A midi, c’est l’heure de sexte. Dans la solitude de son ermitage, le moine contemple le Christ cloué sur la Croix. A 15h, c’est l’heure de none. Dans l’oratoire de sa cellule ou de son atelier de travail, il commémore la mort d’Amour de Jésus sur la Croix. A vêpres (aux environs de 19H), la communauté se rassemble à l’église du monastère et loue Dieu pour sa création. L’office de complies (aux environs de 20H), toujours célébré en cellule, est le dernier acte liturgique de la journée. Avant de se coucher, le moine remet son esprit entre les mains du Père, invoquant le Christ pour qu’Il garde son cœur pendant les veilles de la nuit.
L’eucharistie est le sommet, à la fois de la journée et de la vie fraternelle. C’est l’offrande quotidienne au Père du sacrifice de Jésus pour toute l’humanité. Elle est en général célébrée à la suite des Matines ou des Vêpres.
Le dimanche revêt un caractère plus fraternel : un repas communautaire, le spaciement (promenade hebdomadaire, hors de la clôture monastique, réglementée de façon précise par les statuts de l'ordre des chartreux depuis le XVIIème siècle seulement.) et un partage évangélique réunissent les moines. Le lundi est jour de désert : ils ne se rassemblent que pour l'Eucharistie, sommet de la journée monastique.
Depuis le mois d'avril 1999, quelques moniales prient et travaillent en ce monastère, préparant l'arrivée de la communauté.
Le chantier est un énorme défi de par la taille et l'état des bâtiments, par la masse de travail à fournir et par l'attaque inattendue d'un champignon dévastateur, la mérule pleureuse qui endommage les bois et les charpentes.
Les Sœurs ont entrepris d’importants travaux, une chapelle a été édifiée près de l’entrée, les boiseries de la chapelle ont été cérusées.
Ces travaux vont provoquer le départ des moniales, elles sont encore dans les murs de la chartreuse jusqu’au 4 octobre. Elles rejoindront ensuite d’autres couvents plus calmes. Les importants travaux vont se poursuivre et les sœurs espèrent bien revenir rapidement dans les lieux.
De nombreux bénévoles et des associations participent à ces travaux de restauration.
En 2004, le centre hospitalier redevient propriétaire, suite à l'annulation de la vente avec l’association des Corbières.
En 2008 La chartreuse de Neuville est vendue à une société immobilière parisienne. La chartreuse va entamer un nouveau chapitre de sa longue histoire.
Le projet se décompose en trois parties. Le premier volet concerne un ensemble d'hébergements dans les 23 maisons des chartreux et dans les bâtiments encadrant la cour d'entrée. Les futurs propriétaires devront respecter des conditions très strictes afin de préserver l'identité des lieux. Le deuxième volet consiste en la création d'un centre de vie dédiée à la culture dans l'église, les chapelles et la bibliothèque. De grands événements culturels sont prévus en cet endroit. L'histoire des chartreux qui ont occupé l'endroit pendant presque sept siècles y sera détaillée. Enfin, les bâtiments communs situés à l'entrée et sur le côté de la chartreuse seront consacrés à l'enseignement. On évoque des lieux de séjour ouverts aux écoles de la région ou d'Angleterre.

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