LE MONDE DE FEU GEORGES GARVARENTZ (2)




Le château et sa chapelle, construite en 1733, ont été classés monuments historiques en novembre 1946. Les communs du XVIIème siècle, les douves et le parc l'ont été en 1989. Bien que la propriétaire recevait des subventions de l’état pour entretenir sa demeure, elle refusait de montrer l’intérieur du château. Mon mari se montrait en colère et à la fois déçu car il ne pouvait pas voir le vieillissement de ses restaurations. Notre guide nous faisait comprendre que Georges Garvarentz et sa femme avaient reçu des gens du spectacle mais aussi de la littérature. Ce château rendu célèbre par le décès du poète cubain José-Maria de Hérédia, (1842-1905), dont une plaque commémorative à son effigie a été apposée sur la façade du château en 1935 et à l'occasion du centenaire de sa mort de l’autre côté des douves un liquidambar, bel arbre originaire des forêts tempérées, élégant et majestueux au port pyramidal se parant d’un merveilleux feuillage cuivre, or ou pourpre à la saison automnale, a été planté dans le parc. Le célèbre poème « Les conquérants » commençant de cette manière « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, » rappelle sans doute de vieux souvenirs scolaires à bon nombre de français. L’illustre poète passa les derniers mois de sa vie ici où il était l’hôte de M. et Mme Georges Itasse, qui aimaient s’entourer d’hommes de lettres et d’artistes. Ils prodiguaient à José-Maria de Hérédia une amitié intelligente et profonde. Aujourd’hui encore, son âme revit dans la seigneuriale demeure Louis XIII (l’exact contemporain de la Place Royale aujourd’hui Place des Vosges à Paris) qui mire ses murailles roses dans l’onde calme des étangs. Son souvenir est attaché à chaque coin de ce parc de quatorze hectares si attrayant dans sa diversité, avec ses arbres séculaires et la tendre verdure du sous-bois, le frais ruisseau qui promène ses reflets verts sous de petits ponts, le murmure des sources cachées sous l’enchevêtrement du chèvrefeuille. C’est dans ce lieu fait pour la rêverie poétique que cet homme de lettres termina son édition des « Bucoliques » d’André Chénier. Il était heureux de rendre un tel hommage à celui qui fut son guide et maître. Ce poète, originaire de La Fortuna, publia seulement quelques cent vingt sonnets en l’espace d’une trentaine d’années et les réunit dans son œuvre « Les Trophées ». Mais c’est l’ancienne chapelle du château qui est le véritable sanctuaire du culte avec lequel est entretenue la mémoire du poète à Bourdonné. Sa toiture d’ardoise, d’une ligne si pure, émerge à peine du lierre qui la recouvre et l’isole au bord de l’eau. Par ailleurs, d’une vive blancheur, elle contraste avec l’ardoise de son toit galbé et de par sa situation introduit une note de fantaisie près du château aux formes octogonales. Les douves entourant le château avaient perdu de leur charme par l’absence de canards et de cygnes comme par le passé mais le fond du parc, afin de donner une note encore plus romantique au cadre, nous dévoilait un ancien temple de l’amour soutenu par six colonnes. Après une visite fort sympathique de cet espace vert d‘où se dégageait une atmosphère de rêve, de paix et d’harmonie nous nous dirigions vers Gambais située à 2,3 kilomètres de notre point de départ afin de déjeuner.
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