jeudi 21 avril 2011
PLONGEE DANS L'UNIVERS DES CHARTREUX (5)
L’ordre des chartreux a été fondé en 1084 par Saint-Bruno dans le massif alpin de la Grande Chartreuse située dans le département de l’Isère. Ordre contemplatif, il vit en autarcie. A la Chartreuse, les moines passaient le plus clair de leur temps dans leur cellule. Ils partageaient leur quotidien entre la prière et l’étude de textes religieux. Les pauses sustentatrices s’effectuaient au sein de leur cellule. La cellule pouvait s’apparenter à un petit studio
comprenant une chambre, un coin toilettes disposant d’un seau en faïence de Delft et une réserve à outils et à bois, leur seul mode de chauffage. Un jardin leur était alloué dans lequel le religieux cultivait des simples et des plantes aromatiques ou médicinales. La cellule du père se révélait plus spacieuse. Son unique moyen de communication avec les autres frères s’avérait par courrier. Le moine déposait dans une boite attenante à sa cellule ses demandes en tout genre (comme par exemple l‘emprunt d‘un livre de la colossale bibliothèque). Les religieux sortaient de leur cellule pour participer aux offices. D’un côté, les frères séparés par une porte des pères. Le dimanche se révélait la deuxième occasion où les moines quittaient leur cellule. Ils déjeunaient au réfectoire en silence pendant que le père prieur lisait un chapitre de la règle de l’ordre. L’après-midi, les religieux avaient l’usage de la parole pendant deux heures et jouissaient du droit de partir du prieuré afin de se rendre dans les villes avoisinantes. Les décisions importantes se prenaient dans la salle des chapitres. Chaque moine consultait, chaque jour, ses propres tâches à accomplir sur un tableau. Un frère devenait père au terme de sept années. Néanmoins, la communauté s’avérait constituée de moines du cloître (ceux se destinant au rôle de père), de moines convers (faisant exactement les mêmes vœux que les Pères) et de moines donnés (ne prononçant pas de vœux mais, pour l'amour du Christ, se donnant à l'Ordre par un engagement réciproque. Au bout de sept ans, ils pouvaient s'engager définitivement ou entrer dans un régime de renouvellement triennal de leur donation.). C’est un des rares monastères où les numéros de cellules sont remplacés par les lettres de l’alphabet. Lorsque le religieux parvenait à la cellule Z, il avait presque atteint la fin de son parcours terrestre et allait bientôt rejoindre avec félicité et, sans aucun doute, la paix dans l’âme son Père céleste. N‘était-ce pas la quête de toute sa vie ? Cette pièce portant la dernière lettre de l’alphabet m’évoquait la chanson de Jacques Brel « Les vieux » parlant de la pendule d’argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit aux vieux je t’attends. Cette cellule donnait en face d’une chapelle mortuaire. Un coin du parc se révélait la dernière demeure du moine. Il était enterré dans sa robe de bure, dépouillé de tout artifice. Aucune inscription sur la modeste croix en bois, en toute humilité, même pour le plus illustre d’entre eux. Chaque corps s’avérait empilé l’un sur l’autre. Lorsque la croix se révélait décomposée, un nouveau religieux pouvait être enseveli. Au détour des longs couloirs d’une blancheur extrême et d’une grande sobriété conduisant aux différentes salles du monastère, une extrême sérénité se dégageait et la notion du temps s’était évanouie. Au cours de notre exploration du monde cartusien, la pluie traversière nous avait surprît mais cette averse était de mise en cette saison. Jacques et moi quittions La Chartreuse la tête dans les nuages mais sous le déluge.
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